Cotisations
Belgique
France
Autres pays
1977 (Inforespace n°
Cotisation ordinaire
31
à 36)
FB
425,—
FF
62,—
FB
500,—
étudiant
FB
375,—
FF
54,—
FB
450 r —
1976 (Inforespace n°
Cotisation ordinaire
25
à 30)
FB
425,— .
FF
62,—
FB
500,—
étudiant
FB
375,—
FF
54,—
FB
450,—
1975 (Inforespace n°
Cotisation ordinaire
19
à 24)
FB
425,—
FF
62,—
FB
500,—
étudiant
FB
375,—
FF
54,—
FB
450,—
1974 (Inforespace n°
Cotisation ordinaire
13
à 18)
FB
425,—
FF
62,—
FB
500,—
étudiant
FB
375,—
FF
54,—
FB
450,—
1973 (Inforespace n°
Cotisation ordinaire
7
à 12)
FB
600,—
FF
85,—
FB
675,—
oti irliant
FB
550,—
FF
80,_
FB
625,_
tflUUIal II
1972 (Inforespace n°
1
à 6)
Cotisation ordinaire
FB
600,—
FF
85,—
FB
675,—
étudiant
FB
550,—
FF
80,—
FB
625,—
Collection complète
d’Inforespace :
; 1972 à 1977 (n° 1 à 36)
Cotisation ordinaire
FB
2900,—
FF 420,—
FB
3350,—
étudiant
FB
2600,—
FF
380,—
FB
3050,—
Cotisation de soutien par année : FB 650,—
Il n’est fait aucun envoi contre remboursement. Tout versement est à effectuer au CCP n° 000-0316209-86
de la SOBEPS, boulevard Aristide Briand, 26 - 1070 Bruxelles, ou au compte bancaire n° 210-0222255-80
de la Société Générale de Banque. Pour la France et le Canada, uniquement par mandat postal inter¬
national ou par transfert bancaire (ne pas envoyer de chèque).
LES ANCIENS NUMEROS D’INFORESPACE (DE 1972 A 1976)
SONT ENCORE DISPONIBLES
De nouveaux membres nous ont rejoints et nous rejoindrons bientôt. Sans doute beaucoup parmi eux
désirent-ils connaître les débuts de notre revue. En prévision de cela, nous avions imprimé en nombre
suffisant nos premiers numéros. Tous sont encore disponibles et les nouveaux affiliés peuvent donc,
en les acquérant, se placer au nombre de ceux qui posséderont la collection complète d’INFORES-
PACE.
Vous trouverez dans nos cinq premières années de parution (n° 1 à 30) le début de nos grandes ru¬
briques : un « Historique des Objets Volants Non Identifiés » (complet et édité en numéro spécial), le
« Dossier Photo » (dont des cas belges et des séries exceptionnelles en provenance du Brésil), « Nos
Enquêtes » (une ou deux grandes observations belges décrites dans chaque numéro), « Etude et Re¬
cherche » (avec l’étude sur la fameuse explosion de 1908 dans la Taïga, des travaux sur la propulsion
des OVNI et les voyages vers les étoiles, et une vaste étude critique sur la théorie de l’orthoténie);
parmi les articles parus dans la rubrique « Primhistoire et Archéologie », citons : « L’étrange site de
Nazca », «Les fresques du Tassili », «Les cartes de Piri Reis ».
Vous y lirez aussi une étude de la SOBEPS sur les « OVNI au 19ème siècle », un inventaire d’anciens
cas du Moyen Age, des articles approfondis sur de grands cas mondiaux, comme l’affaire Hill, Falcon
Lake, Trancas (Argentine) ou Pirassununga et Lagoa Negra (Brésil), des articles de Michel Carrouges,
Henry Durrant, Pierre Guérin, Ion Hobona, Allen Hynek, Jacques Jedwab, Brinsley Le Poer Trench,
Claude Poher, et bien d’autres articles variés.
La SOBEPS est une association sans but lucratif qui, dégagée de toute option confessionnelle, philo¬
sophique, ou politique, a pour dessein l’observation et l’étude rationnelle et objective des phénomènes
spatiaux et des problèmes connexes, ainsi que la diffusion sans préjugés des informations recueillies.
Cette diffusion s'effectue par le truchement d’une revue bimestrielle de même que par des conférences,
débats, etc. Nous sollicitons vivement la collaboration de nos lecteurs que nous invitons à nous com¬
muniquer toute information relative aux sujets traités dans la revue.
Selon l’espace disponible nous publierons les envois qui nous parviendront, leur publication n’enga¬
geant que la responsabilité de leur auteur. .
Si d’aventure vous êtes amenés à observer un phénomène spatial, ou si vous avez connaissance d'une
telle observation par autrui, nous vous serions reconnaissants de nous prévenir très rapidement.
Organe de la SOBEPS asbl
Société Belge d’Etude des
Phénomènes Spatiaux
Avenue Paul Janson, 74
1070 Bruxelles - tél. : 02/524.28.48
Président :
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Secrétaire général :
Lucien Clerebaut
Trésorier :
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Comité de rédaction :
Michel Bougard, rédacteur en chef
Alice Ashton, Jean-Luc Vertongen
Imprimeur :
M. Cloet & C° à Bruxelles
Editeur responsable :
Lucien Clerebaut
Sommaire
Paralysie, l’arbre qui cachait la forêt (2)
2
Nos enquêtes
5
Dossier Ufaux
14
L’affaire des << boules » de l’Aveyron (2)
17
L'Oeuvre étrange de Cyrano de Bergerac
27
Nouvelles internationales
35
Chronique des OVNI
39
Les articles signés n'engagent que la responsabilité de leur auteur.
Etude et Recherche
Paralysie, l’arbre qui cachait la forêt (2)
L’analyse des cas de paralysie aux points de vue
temporel, spatial et sociologique nous donne des
informations d’une importance assez relative mais
qui peuvent être comparées avec celles qu’ont
obtenues dans des travaux antérieurs d’autres
chercheurs comme Claude Poher par exemple.
Point de vue sociologique :
— L’âge des témoins oscille entre 4 et 78 ans
avec une moyenne de 32 ans. 64% des té¬
moins ont entre 20 et 60 ans.
— Le sexe des témoins est masculin dans 87 %
des cas.
— 65 % des témoins appartiennent aux couches
inférieures de la population : manœuvres, ou¬
vriers non qualifiés, petits commerçants, sol¬
dats, agriculteurs ...
— 45% des observations ont au moins 2 témoins
mais seulement 23 % des cas possèdent au
moins 2 témoins paralysés.
Point de vue chronologique :
— années fastes : 1954, 29 cas dont 28 en Europe
et 1 en Amérique du Sud;
1968, 6 cas, tous en Amérique du Sud;
— mois : minimum en juin (1 cas) et maximum en
octobre (17 cas);
— jour : minimum (0 cas) : 4, 12, 22, 23, 24, 31
maximum (4 cas) : 5, 14, 29;
— heure : pics aux alentours de 19 h 45 et de
22 h 30;
84 % des cas entre 19 h 00 et 05 h 00.
Point de vue spatial :
— Europe : 67% des cas; Amérique du Nord :
11 %; Amérique du Sud : 22%. La France pos¬
sède à elle seule 52 % des cas. Ceci est dû
aux disponibilités d’information.
— Les cas se trouvent dans des régions rurales
isolées pour 61 % de l’ensemble.
Point de vue ufologique :
— Les humanoïdes ont une taille allant de 0,80
à 1,40 m dans 71 % des cas avec un équipage
moyen de 2 êtres.
— Ils sont au moins au nombre de 2 dans 59%
des cas. Ceci se rapporte bien entendu aux
seuls cas avec humanoïdes.
— Les objets ont une forme sphérique dans 11 %
des cas où ils sont décrits : cigaroïde dans
17% des cas, discoïde dans 39% des cas,
ovale dans 11 % des cas.
Il y a aussi des tonneaux, des cônes, des
champignons, des hémisphères ou des cloches.
Etude théorique de la paralysie
Introduction
L’abord de ce qui va suivre nécessite malheureu¬
sement des connaissaces très spécialisées en neu¬
rologie et nous nous en excusons auprès du lec¬
teur moyen. Mais il nous semble important que
les hommes de science qui liront ce texte sa¬
chent que la recherche sur les OVNI ne se borne
pas à un travail d’archiviste ou de statisticien.
Elle permet la mise en œuvre de connaissances
théoriques fondamentales sur l’être humain. L’hom¬
me se connaît mieux lui-même par la connaissance
des choses. C'est valable également en ufologie.
Dressons un petit tableau clinique :
Sont paralysés :
membres inférieurs et supérieurs, cou, tête, or¬
ganes de la phonation. Ces éléments sont para-
La nouvelle adresse de la S 0 BEP S ;
avenue Paul Janson 74
1070 Bruxelles
le numéro téléphonique a également changé. Du lundi au samedi, de 11 à
19 h, sans interruption, vous pouvez former le 02/524.28.48.
Le secrétariat est fermé les dimanches et jours fériés.
2
Figure 1.
lysés soit en partie soit tous ensemble. Cette pa¬
ralysie peut être totale ou partielle au point de
vue de l'intensité. Il peut s’agir d’une paralysie
de fait par perte de force.
Ne sont pas paralysés :
(toujours) cœur et respiration réflexe;
(habituellement) vue, ouïe, équilibre, conscience,
réflexes de peur, d’accomodation des yeux à l’ob¬
scurité, de la fermeture des paupières à la lumiè¬
re, sensations.
Autres symptômes pouvant avoir une relation avec
le phénomène :
essouflement, douleurs diverses, anesthésie locale,
troubles mentaux immédiats ou retardés, etc...
Ces symptômes n’existent que dans certains cas
peu fréquents.
Localisation de la paralysie
— cellule musculaire : non, preuves : battements
cardiaques, respiration, réflexes
— nerf périphérique : non, preuve : réflexes
— neurones alpha et gamma de la moelle : non,
preuve : réflexes
— voies sensitives ou afférentes de la moelle :
non, preuves : sensations, équilibre
— voies motrices efférentes de la moelle : oui.
Les voies motrices efférentes sont constituées des
voies pyramidales et extra-pyramidales. Nous con¬
naissons des cas d’atteinte des voies pyramidales :
elles provoquent une paralysie dite « flasque » dont
les symptômes correspondent bien avec ceux ob¬
tenus lors des paralysies par perte de force. Nous
connaissons également dans la vie courante des
cas qui ressemblent à la paralysie totale des mem¬
bres : il s’agit de la cocontraction des muscles
antagonistes lors d’un effort intense. Nous savons
que celle-ci est sous la dépendance des voies
motrices efférentes mais nous ignorons s’il s'agit
vraiment de la voie pyramidale. Bien que cons¬
cients de cette relative faiblesse du raisonnement,
nous concluerons ainsi : la paralysie s’explique par
une action sur la voie pyramidale.
La voie pyramidale prend son origine dans la
couche corticale de la région sensori-motrice (voir
figure 1). Elle possède deux types de cellules ori¬
ginelles : les cellules pyramidales normales répar¬
ties dans toute la région et les cellules de BETZ
ou cellules pyramidales géantes, spécifiques de
Face latérale du cerveau
S Aire de distribution des cellules de Betz
□ Aire sensori-motrice
la scissure frontale ascendante, région principale
de la commande de la motricité volontaire. Ces
dernières cellules sont fort intéressantes : elles
sont au nombre de 34000 et leur taille ainsi que le
diamètre des axones qui les prolongent sont bien
plus importants que chez les autres cellules pyra¬
midales. Elles sont en communication directe avec
les neurones moteurs alpha de la moelle.
Hypothèse de fonctionnement
Supposons l’existence d’un champ de nature in¬
connue (électromagnétique ?) que l’on puisse
focaliser et qui interférerait avec les concentra¬
tions ioniques extra- et intra-cellulaires et/ou avec
la perméabilité membranaire. La membrane d’un
neurone au point de vue électrique peut être com¬
parée à une suite de résistances et de capacités
en parallèle (voir figure 2). Ce sont surtout les ré¬
sistances qui nous intéressent ici. Plus la surface
membranaire est grande, plus il y a de résistances
en parallèle donc plus la résistance membranaire
totale est faible. Ce qui veut dire que le seuil
électrique au niveau duquel une dépolarisation
membranaire crée un influx nerveux baisse en
fonction de l’accroissement du diamètre de la fi¬
bre nerveuse.
Conclusion : On excite plus facilement
les grosses fibres que les fines
Reprenons notre champ et supposons qu’il crée
des dépolarisations légères en agissant sur les
ions ou sur les perméabilités membranaires. Ces
dépolarisations pourraient atteindre le seuil élec¬
trique des cellules géantes et non celui des cel¬
lules normales (voir figure 3). Ceci induirait des
trains d’influx nerveux dans chaque axone des
cellules géantes. Ces axones se rendent directe-
3
Figure 2.
Figure 3.
ment aux motoneurones alpha et les excitent, ce
qui entraîne la contraction de muscles antago¬
nistes. Normalement, pour que ce système mar¬
che, il faut que soit supprimé le phénomène d’in¬
hibition réciproque qui empêche la contraction
d’un muscle lors de la contraction du muscle an¬
tagoniste. Si on considère que les interneurones
inhibiteurs (responsables de cette inhibition réci¬
proque) sont eux-mêmes inhibés par une autre
catégorie de cellules appelées cellules de REN-
SHAW, le système peut fonctionner. Pour cela, il
faut que les RENSHAW soient stimulées. Elles
pourraient l’être par les axones des cellules géan¬
tes (mais ceci reste à vérifier).
A première vue, il existe une faille dans ce rai¬
sonnement. L’excitation des cellules géantes est
un phénomène de tout ou rien. Il ne peut en être
ainsi au niveau des motoneurones alpha qui doi¬
vent rester modulables pour maintenir l’existence
des réflexes et de l’équilibre. Or ces motoneuro¬
nes alpha ont la même taille que les cellules géan¬
tes et devraient elles aussi subir une excitation
en tout ou rien. En fait, ce paradoxe n’existe pas
car les motoneurones alpha se trouvent en quel¬
que sorte dans un «marais inhibiteur» qui a pour
effet d’élever leur seuil électrique (ceci aussi est
à vérifier).
Nous possédons ainsi une mécanisme neurologi¬
que cohérent, quoique non entièrement prouvé,
du fonctionnemet de la paralysie par immobilisation
des membres. Quant au mécanisme de la perte de
force, il doit sans doute s’expliquer par une élé¬
vation générale des seuils électriques de dépo¬
larisation.
Les initiés savent que ce schéma qui peut pa¬
raître horriblement compliqué reste en fait sim¬
pliste au point de vue neurologique. En considé¬
rant les effets secondaires du tableau clinique,
nous nous rendons compte que tout n’est pas
expliqué sinon explicable, mais notre incompré-
4
hension semble plutôt dépendre de notre ignorance
profonde des mécanismes fins du cerveau que
d’une complexité extraordinaire de l’effet paraly¬
sant des OVNI.
Autres hypothèses de fonctionnement
minoritaires
L’hypnose :
elle intervient certainement dans une série de
cas qui devront être répertoriés mais cette expli¬
cation ne convient en définitive qu'assez rarement.
La peur :
Il est indéniable que la notion de peur intervient
dans un nombre très important de témoignages
(au moins 30 °/o) mais suffit-elle à expliquer la
paralysie ?
La psychologie nous enseigne l’existence d’une
réaction d’alerte face au danger (startle pattern).
Celle-ci se traduit habituellement par la mise en
tension de tout l’organisme. Pourtant, dans certains
cas non rares, on voit se produire tout le contraire :
le corps se détend complètement; le tonus muscu¬
laire diminue; les muscles ne répondent plus. On
appelle cette réaction « cataplexie ». Il faut noter
que le cataplectique reste parfaitement conscient.
A mon avis, d’après l’étude des témoignages, cette
explication de la paralysie ne convient que pour
peu de cas qui se caractérisent par un temps de
paralysie très bref. En aucune façon la peur ne
peut expliquer les cas où la paralysie a duré plu¬
sieurs minutes, ni évidemment les cas très nom¬
breux où la peur ne s'est révélée qu'après le début
de la paralysie (par exemple le cas Dewilde).
Je remercie la SOBEPS d’avoir bien voulu ouvrir
les colonnes d’Inforespace à ce texte qui, je
l’espère, éclairera le lecteur sur l’éventail des pos¬
sibilités de la recherche ufologique.
Jean-Luc Jorion
(DETECTOR SIDIP)
Nos enquêtes
Aische-en-Refail: seconde et... dernière?
Introduction
L'enquête dont on va lire le compte rendu ci-
dessous est la plus longue et la plus lente que
j’aie réalisée jusqu’ici pour la SOBEPS. Cette
lenteur m’est apparue à l'époque nécessaire car
si les faits dont il est question dans ce rapport
sont réels et authentiques, ce qu’après tous les
contrôles directs et indirects auxquels je me
suis astreint, je crois qu'ils sont, nous avons
peut-être obtenu l’indication que certains lieux
sont plus privilégiés que d’autres dans la mani¬
festation du phénomène OVNI en Belgique.
Et quand il est question ici de lieux, il ne s’agit
pas d’une région aux limites mal définies ou de
telle ville ou village, mais très exactement d’une
bande de terrain campagnard d’une dizaine de
mètres de largeur sur environ cent mètres de
long.
Il est bien sûr toujours possible en pareil cas
d’invoquer la coïncidence ou plutôt, comme nous
le verrons à la comparaison des deux incidents,
une extraordinaire accumulation de coïncidences
concomittantes; comme nous ne disposons en la
matière d’aucune méthode qui nous permettrait
de décider, dans un ensemble aussi complexe de
circonstances, où s’arrête le rôle du hasard et
où commence celui d'une réalité fonctionnelle
qui nous serait inconnue, le jugement final en
l’occurrence dépendra comme toujours de la sub¬
jectivité de chacun. C’est pourquoi je me con¬
tenterai de rapporter les faits tels qu'ils me sont
parvenus et tels que je me suis efforcé, avant
d’écrire ce rapport, de les vérifier.
Une conférence à Perwez
Dans la seconde moitié de l’année 1974, l’un de
nos membres, Monsieur Pierre Solia, décida d'or¬
ganiser à Perwez une conférence consacrée aux
OVNI. Avec son ami Gérard Grède, il rassembla
des documents, rédigea un texte, s'enquit d'une
salle disponible. Et pour en augmenter l’impact,
pourquoi ne pas ajouter aux grands classiques
qui formaient le cœur de l’exposé — Kenneth
Arnold survolant le Mont Rainier, Mantell à Fort
Knox, les humanoïdes amateurs de lavande de
Valensole — quelques enquêtes inédites du ter¬
roir ?
Solia reconnaît aujourd’hui qu’il lui manquait à
l’époque la perception intime de l’incroyable com-
lexité qu'offre le sujet, ce qui représente à mon
sens le critère qui permet de distinguer l'ufologue
débutant de celui qui peut se prévaloir de quel-
« Lorsqu’on a éliminé l’impossible,
ce qui reste, quel qu’invraisembla¬
ble il soit, correspond à la véri¬
té » (Sir Arthur Conan Doyle).
qu’expérience. Qu’importe. Muni d’un enregistreur
portatif et d’une carte de la région, il entreprit
de recueillir les déclarations des témoins des
environs, sollicités par une publicité discrète.
Ce travail, qui occupa ses loisirs pendant plu¬
sieurs mois, fut consigné sur une bande magné¬
tique de 360 pieds représentant le contenu brut
d'une dizaine d’enquêtes.
Solia eut le bon goût de nous remettre cette
bande magnétique dans le courant du premier
trimestre de l’année 1975, en remerciement de
la documentation et de l’assistance technique
que nous lui avions apporté.
« Voyez si vous trouvez là-dedans des choses de
nature à vous intéresser» fut son bref commen¬
taire.
Le cas G.P.
« Là-dedans » nous trouvâmes l'habituel tout-ve¬
nant d’incongruités dont foisonne la matière que
nous nous sommes fixés pour objectif d'étudier :
les lumières erratiques dans le ciel pouvant être
n'importe quoi et que des témoins peut-être
abusés estiment « mystérieuses », des « choses »
vues à des kilomètres de distance, d’autres à
moins de trois cent mètres, des observations à
témoin unique, d'autres où ils étaient nombreux.
Dès la première écoute, deux d’entre elles me
parurent mériter une attention particulière : la
première concernait un groupe d'enfants occu¬
pés à leurs jeux inexplicablement confrontés à
la présence proche dans les bois d'un groupe de
boules lumineuses dont l'une s’était avancée jus¬
qu'à une dizaine de mètres d’eux (1).
La seconde était un cas à témoin unique. Elle
s'accompagnait d’une panne de moteur.
L’incident
G.P. était à l’époque sous les drapeaux et caser-
né à Liège d'où il revenait chez lui que le week¬
end. C'est par conséquent très vraisemblablement
au cours de l’un d’eux que se produisit l'incident
qu'il allègue. En cette fin d’année 1966, il était
âgé de dix-neuf ans et par une froide nuit de
novembre, il avait été saluer sa fiancée. Il pi¬
lotait maintenant un vélomoteur (du type deux-
temps] de marque Flandria 49 cc et regagnait le
toit paternel.
Il venait de dépasser le hameau de Liernu et re¬
montait la route en direction de Perwez. Chau-
1. L’enquête réalisée sur ce cas sera publiée prochainement;
je signale seulement ici l’avis du garde-forestier du bois
en question suivant lequel « il s’agissait tout simplement
d'un groupe de boy-scouts occupés à un jeu de nuit ».
5
A basse altitude, l’objet s'approchait du témoin.
dement vêtu, coiffé d'un casque, il suivait ma¬
chinalement le ronronnement régulier de la ma¬
chine qui n'avait jusqu'alors jamais manifesté la
moindre défaillance. Il était un peu plus de 23 h,
dans le ciel dégagé et sans lune brillaient quel¬
ques étoiles.
Comme il venait de passer un petit chemin de
terre en traverse de la route et abordait une
légère côte en S, il remarqua que le ciel s'em¬
brasait de rouge devant lui. En même temps le
régime du moteur ralentissait fortement malgré
un appel immédiat de la poignée des gaz et le
phare faiblissait, ne projetant plus sur le béton
de la route qu'une vague tache jaunâtre.
Surpris, le conducteur rétrograda instinctivement
de vitesse, passant de troisième en seconde, puis
en première, sans parvenir à relancer l’engin. Le
ciel s'embrasait de plus en plus et quelque chose
s’approchait de la route à basse altitude. Il leva
la tête :
« Je vis survenir sur ma gauche un objet circulaire
d’où provenait la lueur. Il n'était pas très grand,
je dirais 3 à 4 m de haut pour 4 à 5 m de base.
Sa torme était celle d'un disque plat surmonté
d’une coupole allongée qui faisait penser à une
ruche d’abeilles. Cette coupole était sombre, la
base illuminée d’un mélange de rouge, de jaune
et de blanc qui formait un halo à dominance rou¬
geâtre dans lequel se découpait sa silhouette. Il
venait dans ma direction en émettant un bruit
sourd ».
L'objet était très bas, si bas que G.P. cru qu'il
allait entrer en collision avec lui, ce qui lui fit
6
baisser instinctivement la tête. Mais il passa cer¬
tainement à 10 ou 15 m du sol, sans dévier de
sa trajectoire ni ralentir et continua vers la droite
en direction des champs qu'il éclaira au passage.
« Lorsqu'il passa au plus près de moi, je pus dis¬
tinguer un fond plat de couleur sombre qui était
cerclé de lumières rouge-jaune qui semblaient
provenir de « hublots » disposés sur le pourtour.
Il n'y avait ni flammes ni traînée; le bruit en pro¬
venance de l’engin, que je pus percevoir malgré
le casque qui me couvrait et le fait que le moteur
du Flandria continuait à tourner au ralenti, n’était
pas un sifflement, mais un bruit sourd et régulier
qui me fit penser à celui d'un moteur. Je ne perçus
aucun autre détail. »
Le tout s’était passé très vite, en 15 secondes
environ.
Lorsque l'objet se fut éloigné d'une cinquantaine
de mètres, le vélomoteur repartit d’un seul coup
tandis que le phare se rallumait complètement.
« Il y eut comme un choc, une secousse, la ma¬
chine fit un bond et j’eus du mal à la maîtriser.
Je filai en direction de Perwez sans demander
mon reste. »
Extraits de l’enquête de Pierre Solia
Novembre 1974, au domicile du témoin.
P.S. : Quelle impression avez-vous eue quand l'ob¬
jet est passé près de vous ?
G.P. : Ma première réaction a tout d'abord été
la peur, quoi, du fait que ma moto s'est arrêtée.
Et alors le phare a baissé, le bruit sourd de l’objet
qui passait au-dessus de moi m’a donné la peur...
Croquis de l'objet réalisé d’après les indications du
témoin.
Je n'entendais déjà pas bien, j’avais un casque
sur la tête et en voyant cet objet se diriger vers
moi je croyais entrer en collision avec. J'ai baissé
instinctivement la tête, mais l’objet est quand
même passé entre 10 et 15 m au-dessus de moi,
la hauteur d'une maison et j’ai eu une peur, une
frousse énorme. Je l'ai regardé disparaître dans
les champs et je n’ai pas demandé mon reste...
je suis revenu sur Perwez.
P.S. : Qu’avez-vous fait en rentrant ?
G.P. : Ah, évidemment, la première réaction de
ma mère, elle m'a dit : « Tu es tout pâle, qu’est-ce
qu’il t’est arrivé?» Alors je lui ai répondu: «Je
ne sais pas ce que j'ai vu » et je lui ai raconté,
mais j'ai eu du mal à me ravoir, j'ai dû prendre
une petite tasse de café pour me remettre, je
n'en ai pas dormi la nuit... et le lendemain, je
suis quand même retourné sur les lieux et je n’ai
rien vu... en passant sur... et ça a été oublié.
P.S. : Avant cette observation, vous n'aviez jamais
rien vu de semblable ?
G.P. : Non... Jusqu’alors je n’avais rien vu.
P.S. : Et depuis ?
G.P. : Non plus. Je n'ai plus jamais rien vu depuis
lors.
P.S. : A votre avis, cet objet, qu’est-ce que c'était?
Ça ressemblait à quelque chose de connu sur
terre (2).
G.P. : Non, tout à fait inconnu. Je ne crois pas
que ce pouvait être un ballon sonde ou ... ni
météore, ni hélicoptère, ni avion... ni ballon. Non,
je ne vois pas, je ne vois vraiment pas ce que ça
pouvait être. Sans certifier que c'était un objet
volant non identifié, en tous cas, c’était mysté¬
rieux !
P.S. : A l’époque, vous croyiez aux soucoupes
volantes ? Vous aviez lu quelque chose à ce
sujet ?
G.P. : Non, pas tellement. Pas personnellement.
J’étais plutôt jeune, j'avais 19 ans, je n'en par¬
lais pas tellement. Comme tout le monde, quoi,
on entendait parler des Martiens (3), mais ça ne
me disait... ça ne me faisait ni chaud ni froid,
tandis qu’à l’heure actuelle, on est un plus... on
y croirait un peu plus facilement !
L’enquête de la Sobeps
Le travail de Solia était fort bien fait mais il y
manquait le rapport type que nous adoptons à
la SOBEPS pour cataloguer nos enquêtes. Plus
précisément, l’indispensable plan des lieux était
absent et je pense que la technique que nous
suivons est fructueuse car si Solia l'avait suivie,
il n'aurait pas pu manquer d'être frappé, sachant
ce qu’il savait déjà à l'époque, par ce qui m'intri¬
gua dès la première audition de la bande magné¬
tique — et que le lecteur qui nous suit depuis
nos débuts n'aura peut-être pas manqué de perce¬
voir lui-même à la lecture de ce qui précède. Ce
serait incroyable me disais-je si... N’était-il pas
surprenant que Solia n’ait pas fait le rapproche¬
ment lui-même ?
Avec tous ces points d'interrogation présents à
l’esprit, je pris contact avec le témoin et me
rendis chez lui à la fin du mois de septembre
1975. J'étais accompagné d’une collaboratrice de
la SOBEPS qui a préféré depuis faire cavalier seul.
M. G.P. nous reçut très gentiment, répéta dans
les moindres détails ce qu’il avait déjà confié à
Solia un an auparavant sans que ce nouveau récit
ne présente des altérations vis-à-vis de ses dé¬
clarations initiales, réalisa des croquis de ce qu’il
se souvenait avoir vu, ajouta quelques précisions
comme le fait que le vélomoteur avait continué à
se comporter comme un honnête vélomoteur
dans les mois qui avaient suivi jusqu'à mourir de
vieillesse comme n’importe quel vélomoteur et
que lui, G.P., n’avait pas éprouvé de troubles anor¬
maux dans les jours qui avaient suivi l'observation.
Je lui demandai alors de nous conduire sur les
lieux, de refaire le même trajet que celui qu’il
avait suivi en cette soirée de novembre 1966.
Nous partîmes donc en direction de Liernu où
nous fîmes demi-tour pour revenir vers Perwez.
2. Un bon exemple — et Solia, s’il lit ces lignes, voudra
bien me pardonner cette remarque — de la façon dont un
enquêteur peut involontairement « téléguider » les réponses
d’un témoin dans le sens de telle ou telle hypothèse de
travail implicite.
3. Cette réflexion que j'ai entendue exprimée par des dizai¬
nes de témoins montre combien est erronée la conviction
de certains ufologues selon laquelle « de nombreux chefs
de gouvernements sont convaincus de l’origine extra¬
terrestre des OVNI, obtenue notamment par les ordina¬
teurs (?), mais il n’en disent rien pour éviter la panique ».
Quelle panique ?
7
Tableau 1 : Caractéristiques des deux observations
Données brutes
cas G. P.
cas N. D.
Date
??.117.1966
24.01.1974
Nombre de témoins
un
un
Confirm. indirecte
quatre
trois
Activité
vélomoteur
voiture
Motif
rentrait chez lui
rentrait chez elle
Heure locale
23 h - 23 h 15
16 h - 16 h 05
Cond. atmosph.
temp. fraîche, ciel dégagé
idem
Durée de l’observ.
env. 15 sec
env. 1 min
Situation de l'OVNI
à basse altitude
au sol, puis à basse altitude
Forme
ruche d'abeille sur disque
coupole aplatie avec trois sections
Couleurs
sombre et lumières jaune-rouge
une section rouge, une section
jaune, une section noire
Détails
« hublots » en pourtour
« pastilles noires » en pourtour
de la section blanche
0 4 à 5 m sur 3 à 4 m de haut
0 1 m sur 0.5 m de haut (*)
Fin de l’observât.
disparaît derrière rangée d'arbres
idem
Effets
arrêt du moteur puis remise en
route sans intervention du conduc¬
teur lors de l’éloignement
idem
Effets secondaires
anxiété, angoisse
anxiété, cauchemars
Coordonnées du lieu
lat. N 50°36’30” ± 0.3”
lat. N 50°36’30
long. E 4°49'23”
idem
Trajectoire
E - 0
E.S.E. - U.N.O. (**)
: Au cours de l'entretien que j'ai eu avec elle le 30 octobre 1976, Mme N.D. m’a déclaré que le 26 janvier 1974 elle
avait sans doute, sous le coup de l’émotion sous-estimé les dimensions réelles de l'OVNI qu'elle avait vu.
: Cette trajectoire est approximative dans le cas G.P., eu égard à l’ancienneté de l'observation. Elle est tout à
fait précise pour l'autre.
Je roulais lentement, attentif aux injonctions de
mon passager.
A un moment donné G.P. me fit signe du bras :
« Arrêtez, c’était ici ». « Vous en êtes sûr ? ». « Oui,
c’était en début de virage, sur une légère pente.
C’était bien ici ».
Ma stupéfaction, mon incrédulité étaient à leur
comble : nous étions exactement à l'endroit où
le 24 janvier 1974, Mme N.D. disait avoir subi un
arrêt de moteur de par la présence d'un OVNI de
petite taille posé au sol (4).
Revenu de ma surprise, je suspectai aussitôt quel¬
que sombre machination qu’il allait falloir à pré¬
sent démonter.
Doutes et confirmations
Car enfin, parmi tous ies cas d’OVNI possibles
et tous les lieux possibles parmi ces cas, comment
4. Voir Inforespace n° 16, pp. 12 à 15. S'y reporter pour le
plan des lieux.
5. Pour être tout à fait précis, G.P. nous fit arrêter 10 m
exactement en deçà de l’endroit où Mme N.D. déclara
avoir vu l'OVNI posé. Il est important de noter qu'au
cours de l’observation de G.P. le vélomoteur continua
à rouler sur sa lancée et que très probablement l'endroit
où G.P. nous fit arrêter était celui où il avait commencé
à apercevoir l’OVNI.
S. Rappelons que dans l’article cité ci-dessus l'identité de
Mme N.D. n'était pas communiquée.
admettre que deux engins présentant des simi¬
litudes indiscutables (taille, allure générale, cou¬
leur) aient pu se manifester à sept ans d'inter¬
valle dans des circonstances semblables (arrêt
de moteur, puis redémarrage sans intervention du
conducteur) et de plus au même endroit? (5)
Je commençais à regarder avec circonspection
ce petit tronçon de route, comme s’il était hanté.
Les doutes vinrent les premiers, comme il est de
saine logique chez tout enquêteur quelque peu
entraîné. La jeune femme qui m'accompagnait me
faisait remarquer que G P. s’était quelque peu
troublé lorsque je lui avais demandé s’il avait
connaissance de I incident du 24 janvier 1974,
avant que de reconnaître en avoir entendu parler,
mais tout ignorer de l’identité du témoin et de
ses circonstances exactes (G).
Mais G.P. n'avait-il pas assisté à la conférence de
Solia et ce dernier n'y avait-il pas rappelé dans
ses grandes lignes le cas N.D. - ? Comment
dès lors G.P. ne s'en souvenait-il pas ?
Je le réinterrogeai à ce sujet le 11 novembre 1976 :
« Je ne m'intéresse pas de très près à ces ques¬
tions comme vous le faites. Mon hobby à moi c’est
le sport. » fut sa simple réponse. Or ne voilà-t-il
8
Tableau 2 : Chronologie des événements
Date
Evénement
fin nov. 1966
incident G.P. qui en parle à sa famille et à quelques amis
24.01.1974
incident N.D. qui tient à le garder secret
26.01.1974
enquête Sobeps de l’incident N.D.
début août 1974
Inforespace n° 16 relate l’incident N.D.
novembre 1974
Solia interroge G.P.
1er trim. 1975
Solia remet à la Sobeps la bande magnétique contenant l’enq. G.P.
30.09.1975
enquête Sobeps de l’incident G.P.
30.10.1976
contre-enquête Sobeps de l’incident N.D. qui persiste
06.11.1976
confirmations indirectes du cas G.P.
11.11.1976
contre enquête Sobeps de l’incident G.P. qui persiste
pps qu’au cours de notre premier entretien, ma
compagne d'enquête avait justement remarqué
dans la bibliothèque à laquelle je tournais le dos
quelques ouvrages de la collection « Jai Lu - Aven¬
ture Mystérieuse » et autres « Laffont - Livre Noir »?
Et parmi ces livres le — trop — célèbre « Les
soucoupes volantes ont atterri » de Leslie et
Adamski ? « C’esf mon beau-frère qui me les a of¬
ferts après que je lui aie parlé de l’incident » dé¬
clare G.P. Leurs dates d'édition sont d’ailleurs
postérieures à 1966.
Comme toujours de ce genre d'enquête les points
d'interrogation et les doutes ressurgissaient plus
nombreux à mesure que l'on croyait les avoir
résolus. Je pris des notes, préparai l'habituel
rapport pour la SOBEPS... et décidai de mettre
toute l'affaire au frigo pour un an.
A la fin du mois d’octobre 1976, les choses étaient
restées au même point. Je n'avais reçu ni coups
de téléphone mystérieux, ni mises en garde
sybillines, et du côté de G.P. comme de celui de
Mme N.D., pas plus que de celui de Soiia, rien
de neuf n'avait transpiré. Je résolus alors de
m’attaquer aux protagonistes secondaires en sui¬
vant la chaîne des événements.
L’épouse de G.P. était hors jeu dès le départ :
elle avait assisté à notre interview de septembre
1975 et confirmait sans réserves les déclarations
de celui qui, à l'époque, était son fiancé :
« Dans les jours qui ont suivi, il m’a raconté ce
qui était arrivé. Puis il n'en n’a plus parlé qu’à
quelques rares personnes car tout le monde se
moquait de lui ».
Je commençai par Gérard Grède. Faisait-il partie
de la machination ?
« Je ne connaissais pas du tout G.P. à l’époque
de l’incident, contrairement à ce que vous pensez.
En fait, lorsque Pierre et moi avons décidé de
faire cette conférence, nous avons apposé des
affiches pour en faire la publicité. G.P. s’est un
jour présenté au magasin et m’a déclaré qu’il avait
quelque chose à raconter. Je l'ai alors aiguillé
vers Solia qui est allé l’interroger. A ce moment
notre conférence était pratiquement prête et nous
ne voulions plus en changer le texte, déjà passa¬
blement chargé (7). Oui, nous avons eu l'impres¬
sion Pierre et moi qu’il racontait la vérité ».
Un ami à qui G.P. nous avait dit avoir raconté
son aventure à l'époque fut également assez faci¬
lement retrouvé, quoique G.P. nous ait confié ne
plus l'avoir rencontré depuis des années (8).
J'appelai ce Monsieur par téléphone. Il s'agit d’un
instituteur de la région.
Après être revenu de sa surprise, il me dit ceci :
« Oui, j’ai entendu parler de la SOBEPS. Je me
rappelle très bien que G.P. a raconté en 1966 avoir
vu une « soucoupe volante » sur la route d’Aische-
en-Refail. Cela a même fait l’objet de nos fréquen¬
tes conversations dans les semaines qui ont suivi ».
Chez les parents de G.P. même scénario. Je
parlai à son père tout à fait par hasard, alors que
je cherchais à atteindre G.P.
« Oui, je me souviens très bien. Quand il est ren¬
tré il était visiblement en état de choc. Je ne l'ai
jamais vu comme ça. Il n’arrivait pas à se re¬
mettre. Il était vert » (sic).
Il restait alors l’autre côté de la barrière : Mme
N.D. Si quelqu’un avait inventé dans cette affaire
ce serait donc elle. Dans cette petite ville qui s’en¬
nuie, n'aurait-elle pas pu avoir vent du « cas
G.P. » de longue date, et l’avoir repris à son
compte propre en l'embellisant pour on ne sait
quelle obscure motivation ?
7. De fait l’enquête de Solia sur le cas G.P. est la dernière
sur la bande magnétique (début de la face 2).
8. De fait l’ami avait entretemps déménagé et l’adresse
donnée par G.P. n’était plus la bonne.
9
20 septembre 1975 :
Phénomènes insolites dans le cief
de la capitale
Je retournai la voir, lui fit part de mes doutes,
de mes soupçons. Je ne réussis qua la blesser
et à la fâcher. Furieuse, elle déclara que je pou¬
vais penser ce que je voudrais, quelle n’avait
jamais échangé avec G.P. la moindre parole, quelle
savait que son observation était réelle. D'ailleurs
n'avait-elle finalement pas dû changer de voi¬
ture peu de temps après l’incident suite à des
ennuis mécaniques répétés [9] ? Ne pensais-je
pas que c'était là pousser un peu loin le goût
de la mystification ? Elle était prête à jurer sur
une Bible s'il le fallait.
Elle fit mieux : elle me conduisit chez ses pa¬
rents qui avaient été les premiers à constater
l’état dans lequel s’était trouvée leur fille quel¬
ques minutes seulement après sa rencontre avec
l’OVNI le 24 janvier 1974 et qu'à la suite de cir¬
constances familiales qui n’ont pas leur place ici
nous avions omis à l’époque de commun accord
d'interroger.
Et là, même scénario que chez les parents de
G.P. : oui, ces deux braves vieux plutôt éberlués
par mon irruption soudaine dans leur intérieur se
souvenaient très bien de cette fin d’après-midi
d’hiver où leur fille leur avait raconté une histoi¬
re invraisemblable de soucoupe volante qui mon¬
tait et redescendait sur la route, d'un moteur qui
s’arrêtait, d’une radio morte. Elle en était encore
toute pâle et tremblante en le leur racontant.
Il m’offrirent une tasse de café.
Une ligne directe Aische-en-Refail -
Zêta du Réticule ?
Que se passe-t-il sur ce petit tronçon de route
Wallonne ? Combien de fois des OVNI furtifs et
improbables ont-ils suivi le même trajet à cet
endroit ? Combien sont-ils les automobilistes qui
ont entrevu leur présence équivoque et qui se
sont empressés de rentrer chez eux, de penser
à autre chose pour ne pas passer pour des
déséquilibrés ?
Combien d’autres « cas N.D. » ou « cas G.P. »
faudra-t-il encore avant que nous ne commen¬
cions à comprendre réellement que des objets
non identifiés hantent notre ciel et qu'il serait
peut-être temps de s’en occuper avec tous les
moyens nécessaires ?
Y aura-t-il jamais une troisième « affaire Aische-
en RefaiI » ?
Franck Boitte.
9. Nous avons fait allusion à certains de ces ennuis dans
Inforespace n° 17. p. 34.
Le ciel de la région bruxelloise fut, à la date du
20 septembre 75, le théâtre de mystérieux phéno¬
mènes qui s'échelonnèrent tout au long de cette
journée.
Assez curieusement, plusieurs témoignages d’ob¬
servations réalisées en divers endroits de la capi¬
tale, à savoir St-Josse-Ten-Noode, Woluwe-St-
Etienne, La Hulpe et Etterbeek, parvinrent à la
SOBEPS, mentionnant chacun un épisode particu¬
lier du phénomène qui s’était produit ce jour-là.
Mais s’agit-il bien d'un même phénomène ?
Voyons les faits .
St-Josse-ten-Noode :
intrigante boule de lumière
Il est 0h39 et une légère brume ceinture la ville
au niveau de l’horizon. Le ciel est cependant dé¬
gagé et dévoile un champ d'étoiles. La nuit est
douce malgré un léger vent de secteur S.O. La
pleine lune au SSO éclaire fortement le ciel tout
en se trouvant en dehors du champ de vision du
témoin. Celui-ci, M. E. Van Hertum, 29 ans, ouvrier
de presse, se trouve à son domicile et, suivant
son habiture — voire son hobby — il scrute infa¬
tigablement le ciel dans l’espoir de débusquer le
passage ... d’avions. Au travers de sa fenêtre,
orientée à l’ouest, en direction du centre ville,
on distingue successivement la partie gauche du
Centre Rogier, deux rangées de toitures distantes
d’une centaine de mètres, deux antennes TV puis
le building de la Prévoyance Sociale dont l’éclai¬
rage s’est éteint à minuit. Brusquement, à une
distance d’environ deux cents mètres, entre les
deux antennes TV, apparaît à la hauteur du som¬
met de la plus petite, un objet circulaire ou sphé¬
rique, de dimension légèrement inférieure à celle
de la pleine lune. Sa couleur blanc cru est sem¬
blable à un reflet de soleil dans un miroir mais
sans être aussi éblouissant. D’après le témoin, les
bords sont liserés d’un anneau jaune-orange et
l’ensemble tremble légèrement comme « une image
vue au travers d’un voile de chaleur». Cette im¬
pression va durer tout au long de l’observation
L’objet monte très lentement à la verticale. Il
semble épouser la direction de l’axe des antennes
TV et, au cours de cette ascension, sa luminosité
faiblit légèrement. Il décrit ensuite une petite
courbe incurvée vers le bas, toujours à la même
vitesse, comme s’il voulait éviter le dessus de la
plus haute des deux antennes. A ce moment, sa
luminosité augmente légèrement puis il part en
10
oblique sous une inclinaison de 45° en direction
du sud. Sa luminosité rediminue.
Parvenu au-dessus du building de la Prévoyance
Sociale, par 50° d’élévation, il s'éteint brusquement.
L’observation totale a duré environ 3 minutes. Au¬
cun bruit n’a été perçu. M. E. Van Hertum était
seul au moment de l’observation. Il a continué à
observer le ciel jusqu'à 2 h 30 sans plus rien re¬
marquer d’anormal (1).
Complément d’information Cette observation
pourrait sembler compatible avec celle d'un bal¬
lon-sonde. Un lâcher a eu lieu à Uccle à minuit :
ballon brun muni d’une radio-sonde et d’une cible
rgdar. Ce ballon est également pourvu d’une lampe
de 4 volts, il a atteint une altitude de 20.870 mé¬
trés. La direction prise par « l’objet » est néan¬
moins incompatible avec la direction du vent et
l’extinction subite ne s'explique toujours pas.
Woluwe-St-Etienne : pris sur le vif
Quittons le centre ville vers des lieux plus paisibles
et campagnards bordés de deux grands axes
routiers : le boulevard de la Woluwe croisant à
proximité l’autoroute E 5 - Bruxelles-Liège, à 4 km
au sud de l’aéroport de Zaventem-Melsbroek.
Le domicile du témoin, M. I. Y. (2) est en léger
surplomb de ces deux axes routiers et il fournit un
excellent point de vue sur la partie N et NE de la
commune de Woluwe-St-Etienne, soit sur le terri¬
toire de Sterrebeek, Zaventem et Melsbroek. Il est
environ 17 h 30 et le témoin qui se promène dans
son jardin est rapidement intrigué par une très
forte étoile brillante qui se déplace très lentement,
de manière rectiligne, du SO vers le NE. M. I. Y.
est seul à ce moment et il a l’habitude d'observer
aux jumelles (Halena 10x50) le trafic aérien de
l'aéroport. Cette étoile l’intrigue d’autant plus
qu’elle semble vouloir se diriger lentement vers
l’aéroport de Zaventem en survolant sa maison.
Le témoin réalise qu’il est en présence d’un phé¬
nomène qu’il ne connaît pas et qu’il ne comprend
pas. Décidant d’en avoir le cœur net, il quitte pré-
cipitament son jardin, traverse en courant sa mai¬
son et monte à l'étage armé de ses jumelles, afin
de joindre son poste d’observation favori : la fe¬
nêtre de la chambre orientée plein N. Environ 4
minutes plus tard, l’étoile apparaît à la verticale
de sa fenêtre. Elle poursuit son lent mouvement
de translation rectiligne et quelques minutes après
elle arrête sa course en dessous de quelques
nuages, sous une inclinaison de 75° par rapport
à la ligne d’horizon. La position de l’étoile fut
stationnaire pendant plus d’une heure. Le témoin
la situe au mieux à la verticale de l’aéroport de
Melsbroek-Zaventem. Pendant tout ce temps, M.
I.Y. eut tout le loisir de la détailler aux jumelles,
accoudé inconfortablement à sa fenêtre ouverte
et il resta dans cette position jusqu’à la fin de
l’observation.
Laissons le soin au témoin de nous relater sa vi¬
sion et de s’étonner devant le spectacle singulier
s’offrant à lui :
« Tout d’abord, je vis une forme ronde, aplatie, de
couleur grisâtre, légèrement verte, comme un très
épais brouillard mais aux contours assez bien
définis. Je pensais à un œuf de poule. Aux jumel¬
les, cela me semblait être un œuf de poule vu de
profil, mais de forme plutôt ovale, deux fois plus
large que haut.
Après avoir mieux réglé mes jumelles, l'objet
restant immobile, je vis de la lumière en dessous
de l'objet : une boule de lumière jaune très bril¬
lante apparaissait subitement toutes les trois se¬
condes environ sur le côté inférieur droit de « l'ob¬
jet », non pas contre lui mais légèrement en
dessous, à une distance approximativement égale
à sa hauteur. Au même instant, un fin rayon de
lumière jaune également semblait relier la boule
de lumière à « l’œuf de brouillard ». Cette boule
de lumière se déplaçait latéralement, vers le des¬
sous inférieur gauche de « l’objet », par saccades,
comme si la boule disparaissait puis apparaissait
successivement sur sa trajectoire curviligne. A
chaque fois que la boule apparaissait, je vis un
mince rayon de lumière jaune qui suivait la boute
dans son mouvement et qui semblait relier la
boule de lumière au centre de l’œuf de brouillard.
Au bout de trois secondes, la boule jaune arrivée
en fin de course éclatait en un flash éblouissant,
de lumière vive, ce qui me faisait cligner les yeux.
A l'instant où le flash de lumière se produisait,
une autre boule jaune reprenait la place de départ
de la première et le phénomène se reproduisait
inlassablement.
J’ai regardé cela pendant plus d’une heure et il
n’y eut aucun changement dans mon observation.
Sur le temps que la boule jaune effectuait son
trajet, j’ai réussi à compter environ une dizaine
de petits rayons minces qui l’accompagnaient à
chaque saut jusqu’au flash final.
Finalement, T« œuf de brouillard » est alors monté
lentement et sans bruit à la verticale dans le ciel
1. Propos recueillis par Franck Boitte.
2. Identité connue de la SOBEPS.
11
et je n'ai plus pu le distinguer aux jumelles.
Il devait être passé 18 h 30. J’ai encore scruté le
ciel un long moment et finalement j’ai attendu le
retour de mon fils pour lui raconter mon histoire.
Je ne croyais pas ces histoires de soucoupes vo¬
lantes, mais cela alors, qu’est-ce que c’est ? ».
Complément d’information : Bien que M. I.Y. soit
le seul et unique témoin de ce phénomène mys¬
térieux, sa bonne foi ne peut être mise en doute.
11 ne s’est jamais intéressé au phénomène OVNI
et sa vision l'a ébranlé à tel point qu’il préfère
garder l'anonymat et qu’il n'a osé, par peur du
ridicule, raconter son histoire qu’à son épouse et
à son fils qui contacta la SOBEPS.
te témoin a vu un OVNI, de forme ovale, émettant
des rayons lumineux par saccades, de couleur
jaune, auxquels semblait s’accrocher une boule
de lumière jaune puisante. Une indétermination
subsiste cependant dans la description du phéno¬
mène : le témoin peut décrire avec précision le
trajet droite-gauche, soit l’« aller» de la boule de
lumière, mais il reste indécis quant au «retour»
de la boule de lumière, qui se produisait instan-
tannément sans qu’il puisse distinguer de rayons
associés. Plusieurs hypothèses seraient plausibles
pour pouvoir expliquer cette lacune et, par exem¬
ple, celle où l'engin serait en rotation perpétuelle
autour de son centre et puiserait continuellement
une même boule de lumière suspendue par un
rayon. Le flash final semblerait plus intense vu
que la boule serait plus proche du témoin.
En ce qui concerne les conditions météorologiques
et optiques, elles étaient excellentes en cet après-
midi du 20 septembre : ciel quasiment dégagé,
vent faible de secteur S à SO, température com¬
prise entre 19° et 24°.
La Hulpe : une étoile errante
La troisième observation de la journée, à laquelle
cinq témoins participèrent eut lieu à 19 h 50 dans
le ciel de La Hulpe. M. et Mme Raymond Van-
haelen accompagnés de leur petite fille Cécile
ainsi que du ménage Janus, leurs voisins de quar¬
tier, venaient de descendre de l’autobus à l’arrêt
proche de leur habitation, dans la nouvelle cité
créée au domaine du « Bois de Notre Dame ».
Ce fut la petite Cécile (11 ans) qui eut la première
son attention attirée par le manège insolite d’une
«étoile», de magnitude semblable à celles de la
Grande Ourse, zigzagant dans le ciel. Elle alerta
aussitôt ses parents. Les cinq témoins observèrent
12
d'abord, pendant environ cinq minutes, le lent
déplacement rectiligne de l’« étoile», orienté du
NNE vers le SSO.
Les dires de la petite Cécile se sont ensuite vus
vérifiés par les témoins qui observèrent l’« étoile »
effectuer un rapide zigzag de quelques secondes
vers la gauche puis vers la droite, dessinant ainsi
une sorte de « Z » dans le ciel. Cette évolution
artistique terminée, le point lumineux reprit sa
lente progression rectiligne dans la même direc¬
tion qu’au drbut de l’observation. Sa luminosité
diminua petit à petit et se perdit parmi les étoiles.
L’observation totale dura une douzaine de minu¬
tes. Il sembla également aux témoins que, par
moments, cette « étoile » au reflet légèrement jau¬
nâtre restait immobile et se déplaçait légèrement
par saccades, mais sans aucune certitude. Sa vi¬
tesse fut estimée à celle d'un avion croisant à très
haute altitude.
Complément d’information : Le satellite artificiel
SALYUT, heure de passage 19 h 58, direction O
vers E, n'a pas été repéré par les témoins.
La confusion est cependant peu probable, les
orientations étant nettement différentes et le dé¬
placement latéral lors du zigzag, estimé à 10 cen¬
timètres à bout de bras, exclut cette hypothèse.
Etterbeek : le ballet des OVNI
Le décor : un jardin de la rue des Trévires, bordé
d’un pâté de maisons longeant, d’une part l’avenue
de Tervueren et d’autre part la rue des Trévires,
à quelques centaines de mètres au NE de la gare
de marchandises d’Etterbeek, à proximité du
square Montgomery.
Le témoin principal, M. R. V. (2) ainsi que son ami,
tous deux passionnés d’astronomie, profitèrent des
conditions météorologiques clémentes de cette
nuit pour observer à l’aide de jumelles la lune et
les étoiles. Etaient également présents deux en¬
fants et deux chiens jouant dans le jardin.
Il était environ 21 h 30. M. R. V. admirait le ciel à
l’œil nu quand subitement il aperçu une formation
triangulaire de trois boules lumineuses identiques,
voyageant à très grande vitesse et lui offrant,
durant quelques 5 à 6 secondes un spectacle
étonnant. Décomposons les différentes phases de
l’évolution de ces trois boules :
Phase 1 : Apparition des trois boules.
La formation triangulaire semble tomber en chute
libre du ciel en formant un angle de 5° à 10° par
rapport à la verticale. Les trajectoires sont recti¬
lignes et parallèles pour chaque boule. Il sembla
au témoin que la boule centrale oscillait légère¬
ment lors de sa descente.
Durée : 2 secondes
A ce moment, M. R. V. crut qu’un « objet » allait
s’écraser au sol et comme un arbre du jardin
allait lui cacher la vue, il se déplaça rapidement
de quelques pas vers la gauche.
Phase 2 : Changement de cap de la formation
Au même instant, les trois boules cachées par
l’arbre réapparaissent dans la même formation et,
comme si elles avaient obliqué à angle droit, elles
prolongent leur mouvement, toujours animées de
la même vitesse, et filent vers la gauche en re¬
montant d'une trajectoire rectiligne la ligne des
toits de l’avenue de Tervueren.
Durée : 1 seconde
Phase 3 : Eclatement brusque de la formation
D’un mouvement d'ensemble semblant synchronisé,
la boule 2 centrale grimpe à la verticale après avoir
pris un virage à angle droit sans arrondi. La boule
1 suit le même mouvement brusque mais après
avoir effectué un virage à 120° sans arrondi. Elle
monte et file en direction du S ou SSE.
La boule 3 continue sa trajectoire sans change¬
ment de cap.
Durée : une fraction de seconde
Phase 4 : Nouveau changement de trajectoire
La boule 2 après son ascension verticale à grande
vitesse, oblique à nouveau à 90° vers la droite
cette fois et, d’un vol horizontal très rapide, se
lance à la poursuite de la boule 1 en direction du S.
Au même instant, la boule 3 réalise un virage sans
arrondi à nouveau, à plus de 120°, monte légère¬
ment et, d’une trajectoire rectiligne, elle se lance
aussi à la poursuite des deux autres boules.
Durée : une seconde
Phase 5 : Reproupement des trois boules
Parties toutes trois en direction du S ou SSE, elles
se rejoignent dans le ciel et semblent se confon¬
dre en un seul gros point lumineux qui disparaît
rapidement dans le lointain.
D’après M. R. V., la rencontre des trois boules a
dû se produire au niveau du croisement du bou¬
levard Général Jacques et de la chaussée de
Wavre. L’ami du témoin, alerté à ce moment, eut
le temps de distinguer la fuite des trois boules
se confondant en un point mais n’a pas pu suivre
l'ensemble du mouvement. Les enfants n’ont rien
aperçu et les chiens n'ont pas manifesté un com¬
portement anormal.
Le témoin principal, M. R. V. décrit ces boules
comme ayant l’aspect de trois sphères aux con¬
tours assez nets, dont la dimension apparente est
légèrement inférieure à celle de la pleine lune.
Il les compare au mieux à des ampoules électri¬
ques mates et rondes qui seraient faiblement
éclairées : couleur uniforme, blanchâtre, avec un
léger reflet grisâtre ou peut-être « coquille d’œuf ».
il peut être bon de noter qu’aucun changement de
forme ou de coloration n'a eu lieu. De même, au¬
cun bruit ne fut perçu. N’oublions cependant pas
que cette manifestation n'a duré que quelques
secondes et que la distance témoin-phénomène
est estimée au mieux à quelques centaines de
mètres.
Les deux témoins observèrent encore le ciel jus¬
qu’aux environs de 23 h 00 mais plus rien ne se
produisit.
Conclusion
Le ciel de la région bruxelloise fut, le 20 septem¬
bre 75, la toile de fond sur laquelle vint s'inscrire
le phénomène OVNI. Cette série d’événements
n’ayant apparemment en commun que la date, la
chronologie de ceux-ci se succédant en moins de
24 heures, illustre à nouveau ce que l’on peut
recueillir comme témoignages d’observations in¬
solites pendant une même journée : quatre ob¬
servations, quatre facettes différentes du phéno¬
mène défiant à nouveau l’interprétation classique
d’une cause naturelle mal connue.
Existe-t-il un fil conducteur entre ces observations ?
Hormis la bonne foi des témoins, il peut être utile
de remarquer quelques éléments communs sem¬
blant probants : l'absence totale de bruit et l’as¬
pect général du phénomène qui est, à l’œil nu,
toujours décrit sous la forme d'une étoile brillante
ou de boules lumineuses de couleur uniforme
blanchâtre, animées de trajectoires anormales.
Y voit-on là matière à prouver la manifestation
d’un seul et unique OVNI se métamorphosant au
gré des témoins ou bien faut-il considérer qu’il
s’est produit quatre phénomènes indépendants ?
A ce niveau-ci de l'enquête, le dossier ne permet
pas de prendre position — la question reste posée.
Attendons les prochains témoignages ou peut-être
l'aimable perspicacité de nos lecteurs.
Emile Têcheur.
13
Dossier Ufaux
Dans la revue précédente, l’étude menée par
Claude Poher sur les photographies de San José
de Valderas démontrait, sans conteste, le peu de
crédit qu’il fallait accorder à cette série de clichés.
Sans toujours atteindre le même degré d’élabora¬
tion que celui de la mise en scène espagnole, de
telles supercheries sont, hélas, trop fréquentes.
Comme on l’a déjà souligné maintes fois, la réa¬
lité de ce phénomène ne peut être prouvée en
exhibant l’une ou l’autre photographie, quand bien
même elles seraient validées par l’estampille d’un
expert. Regrettons toutefois que les très nom¬
breuses, voires trop nombreuses publications qui
fleurissent aujourd’hui diffusent, parfois sans dis¬
cernement, des documents qui, la chose est no¬
toire, sont l'œuvre de faussaires.
Nous emboîterons donc sur cette voie le pas à
Claude Poher et tenterons dans cette nouvelle
rubrique de démasquer de temps à autre les mys¬
tificateurs et d’éventer, si possible, toutes infor¬
mations controuvées. Sans vouloir jouer les don
Quichottes et entreprendre une croisade contre
les fumistes de tout poil, il n’est donc pas inutile
de désencombrer l’étude du phénomène OVNI de
ces chausse-trappes et embûches qu'imaginent
avec zèle d'astucieux plaisantins.
Les photos de Châtelineau
Tout récemment, un quotidien de Charleroi étalait
en première page de son édition du 22 février
trois photographies d'un OVNI qui aurait survolé
Châtelineau à basse altitude le 1 er février de cette
année. Un long article apprenait aux lecteurs que
l'objet volant avait été photographié par M. Michel
Gelep (21 ans) en début d’après-midi avec un ap¬
pareil Polaroid 2000.
Immédiatement une enquête fut menée et l'auteur
des trois clichés longuement interrogé sur les
lieux mêmes de l’observation (1). Cet entretien
confirmait dans les grandes lignes les propos
recueillis et publiés par le journal carolorégien.
Toutefois un doute subsistait et moins de quinze
jours après la première entrevue il devait être
confirmé lorsque le témoin dévoila qu'en fait il
n’avait pas pris trois photos mais bien neuf !
Cette révélation tardive était pour le moins sur¬
prenante. Sans très clairement justifier ce « coup
1. Enquête réalisée par Mme M. Nardi et MM. M. Abras-
sart et Y. Toussaint.
2. Si l’information est correcte, ils auraient été envoyés
à la NASA pour analyse !
Rien n'est plus difficile à réfuter
que ce qui est entièrement faux.
André Maurois
de théâtre» inattendu, il expliqua qu’il avait caché
jusqu’alors l'existence des clichés supplémen¬
taires et n’avait confié au journaliste que la deu¬
xième, la cinquième et la septième photo. La pre¬
mière et la sixième furent ratées puis détruites.
En examinant cette fois la série complète, soit
six photos couleur montrant un objet dont la taille
apparente variait d’une épreuve à l'autre (sur la
neuvième photo l’objet est imperceptible), il de¬
venait évident qu’il s’agissait d'un canular, mais
il fallait encore le prouver !
Ne voulant plus se dessaisir des épreuves qu’il
détenait, l’examen des photos supplémentaires pri¬
ses par Michel Gelep dut s’opérer sur place,
tandis que celui des clichés publiés dans la presse
(II, V et Vil) était réalisé d’après des copies four¬
nies par le photographe du journal qui maintenant
détient les trois Polaroid originaux (2). Cette ex¬
pertise photographique a été menée par Patrick
Ferryn qui commente ci-après les clichés :
Examen des photographies
Les dénominations Ph II, III, IV, V, Vil et VIII cor¬
respondent à l'ordre de prise de vue des clichés.
(La photo I et VI ayant été «ratées» selon les
témoins, et la photo IX ne montrant rien de plus
qu’un paysage, elles n'ont pas été reprises ici).
La première série qui me fut remise pour examen
ne comportait que les clichés II, V et VII.
Les anomalies photographiques relevées sur ces
trois documents sont les suivantes :
— s’il est concevable que l'objet apparaissant sur
la Ph VII soit uniformément noir et sans aucun
relief, puisqu’il aurait été photographié à con¬
tre-jour, il est curieux qu’il le soit également
sur la Ph II (aucune nuance visible), alors que
les sujets de l’arrière-plan en comportent ainsi
que, par exemple, le tronc de l’arbre visible
devant le pylône, dans le jardin, étant donné
que cette zone n'est pas à contre-jour. Un ob¬
jet réel, de grande dimension (a fortiori s’il me¬
sure une vingtaine de mètres ainsi que l'affir¬
mait le journaliste), même s’il était de teinte
sombre, est cependant éclairé par le soleil, au
même titre que les autres sujets apparaissants
sur la Ph II.
— ceci est également valable pour la Ph V : l'ob¬
jet est uniformément noir, sans aucun « relief »
visible, alors que la cheminée que l’on voit à
gauche en bas (et par conséquent en principe
moins éclairée, puisque le soleil est caché par
14
Les trois photos qui ont été publiées dans la presse caro-
lorégienne le 22 féyrier 77.
(photo II, photo V et photo VII)
la maison !) laisse apparaître du détail dans sa
partie supérieure.
— renseignements pris auprès de la firme Pola¬
roid, l’appareil utilisé par le témoin permet une
mise au point de 90 cm à l'infini. Tout sujet qui
ne se trouve donc pas à 90 cm ou plus sera
donc flou. Alors que sur la Ph II, ce qui se
trouve à l'avant-plan (arbres du jardin, murs,
etc...) et tout ce qui se trouve à l'arrière-plan
(maisons à l’horizon), ainsi que ce qui est au
milieu (le pylône), est relativement net, l'OVNI
lui, est par contre flou. Or, selon les témoins,
il se trouvait alors « dans les parages » du py¬
lône. Ce flou de l’OVNI est donc difficilement
explicable. (Je sais que l’OVNI était sensé se
déplacer, mais ce manque de netteté est plus
caractéristique dans ce cas présent d’un flou
de mise au point, que d’un flou de bougé).
Curieusement, le seul sujet qui présente le mê¬
me défaut de netteté est le châssis supérieur
de la fenêtre (en haut sur la photo). J'ai pu
constater sur les lieux que cette fenêtre est
réellement de dimension très petite; pour n'en
laisser apparaître que la partie supérieure sur
le cliché, le témoin a donc dû se placer très
près de celle-ci, et certainement à moins de
90 cm puisque le châssis est flou. L'OVNI sem¬
ble donc être situé dans le même plan que ce
châssis.
— ceci est également le cas pour la Ph V; mais
le flou de l’OVNI est plus accusé encore. Or,
il en est de même (et dans la même mesure)
pour le châssis que l'on voit aussi ! Là égale¬
ment, le montant gauche cette fois, est cer¬
tainement à moins de 90 cm. Le bas de la che¬
minée ne doit pas être bien plus éloigné, par
contre, le haut l’est à coup sûr puisqu’il ap¬
paraît net sur le cliché.
— sur la Ph II l’OVNI vu sous la loupe présents
un léger halo bleuté. Un halo identique souli¬
gne le haut du châssis visible. Cette zone bleue
est caractéristique du flou de mise au point en
photographie couleur : les objets faiblement
éclairés peuvent être auréolés d’un halo bleu¬
té; ce halo s’accentuera a fortiori si la netteté
n’est pas parfaite. Ceci est encore plus évident
sur la Ph V : un halo bleuté, plus important
encore, entoure l’OVNI et, dans les mêmes
proportions, le châssis de la fenêtre visible à
gauche, ainsi que le bas de la cheminée. Par
contre, le haut (plus éloigné, donc plus net)
en est dépourvu. Quant à la photo VII, visible¬
ment plus nette, sans être toutefois « piquée »,
elle ne présente plus ce halo. L’OVNI serait
donc au-delà de 90 cm... tout comme la partie
du mur de la façade, à droite ! ...
Ces trois clichés me firent immédiatement songer
à un trucage réalisé au moyen de plusieurs sil¬
houettes d’OVNI découpées dans du carton noir,
collées sur les vitres des fenêtres. Des « anoma¬
lies » absolument semblables (halo, flou, teinte uni¬
formément noire de l’objet etc...) s’obtiendraient
dans pareil cas. Mais ceci ne constitue bien en¬
tendu pas la preuve formelle qu’il y a eu trucage.
Lors de notre visite chez les témoins, le 24 avril,
je pus voir les autres clichés de la même série; les
mêmes constatations énoncées ci-dessus s’appli¬
quent sans exception aux clichés III, IV et VIII, à
savoir que, très étrangement, le point commun des
6 photographies est le suivant : la mise au point
(floue ou nette) de l’OVNI est chaque fois identi¬
que pour chaque cliché, à celle du sujet apparais¬
sant à l’avant-plan (mur ou châssis de fenêtre) !
L'OVNI semble donc dans chaque cas être dans le
même plan que ces sujets rapprochés. Et pour cau¬
se, s’il s’agit d'une silhouette collée sur la vitre !
15
Tableau I
Photo II
i = 7 mm
a = 3,53°
d — 200 m (distance estimée)
0 = 12,33 m
Photo III
a = 10°
d = 70 m
0 = 12,33 m
Photo IV
i = 10 mm
a = 5°
d = 140 m
0 = 12,33 m
Photo V
i = 19,5 mm
a = 9,8°
d = 71 m
0 = 12,33 m
Photo VII
i — 27 mm
a = 13,56°
d = 51 m
0 = 12,33 m
Photo VIII
i = 7 mm
a = 3,53°
d = 200 m
0 = 12,33 m
La Ph VIII est certainement la plus révélatrice : en
effet, contrairement à toutes les autres, elle est
cette fois parfaitement nette. Tous les détails vi¬
sibles sont « piqués » (châssis de fenêtre, mur,
paysage, etc...) et comme par hasard... l’OVNI
l’est également ! Il En outre, bien que la photo
ait été faite à contre-jour, il y a beaucoup de détail
dans le paysage, mais l'OVNI lui, reste désespé¬
rément noir et sans aucun relief, il reste une der¬
nière chose à dire à propos de cette photo VIII,
mais elle est d’importance : le témoin a affirmé
que ce cliché fut réalisé alors que la fenêtre était
ouverte. Nous lui avons clairement reposé la ques¬
tion et il fut à nouveau affirmatif. Or, ceci est im¬
possible ! Nous avons en effet vérifié cette chose
en ouvrant la fenêtre en question : seule la partie
droite peut s’ouvrir; le montant central a une lar¬
geur d’environ 12 centimètres; en ouvrant la fe¬
nêtre, la dimension de ce montant est réduite
alors de moitié... et ce n'est pas ce qui apparaît
sur la Ph VIII !
Une dernière anomalie enfin, l’OVNI des Ph II et
IV est apparemment « dans » les câbles du pylône.
Selon les témoins, il était au-delà des câbles dans
le cas de la Ph II et en deçà dans le cas de la
Ph IV. Or, dans les deux cas, si les câbles sont
plus ou moins nets, l’OVNI ne l’est jamais !
Tandis que d’une part Patrick Ferryn procédait à
une expertise photographique qui mettait en évi¬
dence l’inauthenticité des clichés, une autre véri¬
fications — mathématique cette fois — était en¬
treprise par Emile Têcheur. Les conclusions né¬
gatives de ce contrôle confirment, comme nous le
verrons plus loin, les résultats de l’analyse pré¬
cédante.
Examen métrique.
Parmi les rares données relativement précises
fournies par le témoignage, on retiendra les points
suivants :
1° D’après le témoin l’objet se déplaçait à une
altitude constante.
2° La taille réelle de l’objet n’a pas varié.
La démonstration sera établie en prenant la photo
16
Il comme référence principale. Sur celle-ci l’objet
est en apparence situé au-delà des câbles de la
ligne H.T., soit approximativement à une distance
de 200 m du photographe. Le diamètre réel dans
ce cas serait de 12,33 m.
Les formules des lentilles convergentes étant
applicables, une mesure sur l’épreuve originale
de la grandeur de l’image « i » et de l’angle de
vision de l’objet « « » permet de définir pour
chaque cliché la distance OVNI/objectif « d » (la
distance focale «f» vaut 113,5 mm d'après le
constructeur).
Les formules suivantes sont applicables :
I I I
a) — + — = — avec f — d’ car d » f
d d’ f
ai i d’ f
b) tg — = — c) — = — = —
2 2f o d d
Nota : d’ = distance objectif/pellicule.
Le tableau I donne les valeurs de « d » pour les
différents clichés et il nous révèle que l'ordre des
photos indiqué par le témoin est incompatible avec
la trajectoire rectiligne décrite dans son témoi¬
gnage.
D’autre part, le calcul de l’altitude « h » à laquelle
devrait se trouver l’OVNI (altitude constante d'a¬
près le témoin) se détermine aisément par trian¬
gulation.
Sur la photo II, h = d.sin p (/3 = 23,39°) soit
h = 79,39 m. En se référant toujours au tableau I,
on constatera que pour les photos III, V et VII
l'altitude « h » est supérieure à la distance témoin/
OVNI « d » ce qui prouve une fois encore l’inau-
thenticité des photographies.
En supposant l'altitude constante, on peut égale¬
ment démontrer par le calcul que le diamètre réel
n’est pas le même sur les différentes prises de
vues. Entre les photos II et VII, par exemple, la
taille de l’objet dépasse le triple du diamètre ini¬
tial. Faute de place, cette démonstration ne sera
pas développée ici, mais le lecteur qui souhaite¬
rait en prendre connaissance, pourra toujours con¬
sulter le dossier complet qui a permis de contester
la validité des photos de Châtelineau.
Jean-Luc Vertongen.
Les grands cas mondiaux
L’affaire des ”boules” de l’Aveyron (2)
La soirée du vendredi 6 janvier 1967. que nous
avons décrite et commentée précédemment a été
le prélude à une série d’observations dont le point
culminant se situera le mercredi 11 janvier 1967.
Nous avons pu établir que le samedi 7, le lundi 9,
le mardi 10 janvier « l’obus >■ et les « boules » ont
été revus assez loin à l’ouest sans incidents nota¬
bles, c’est peut-être le dimanche 8 que se situe
l’incident des deux chiennes, mais ce n’est pas
assuré.
Nous entamons la conversation avec le fils sur
cette soirée du mercredi et incidemment nous
apprenons un fait nouveau, à savoir que «l’obus»
ce soir-là s’est déplacé, ou qu’il y en avait deux.
Le fils :
«— Le mercredi j’ai vu «l’obus» alors depuis la
maison... je ne sais pas si c’était le même, car
avant de prendre la voiture, j’ai vu qu’il était là-bas
(à l'ouest) et quand j’ai pris la voiture, il était ici
(au nord)... je ne sais pas si c’était le même.
— Alors expliquez-nous cela en détail. Le mercre¬
di vous avez vu l’objet à l’emplacement approxi¬
matif où vous aviez vu les autres ?
— Oui, de toute façon je sortais chaque soir et
je les voyais à l’époque tout le temps.
— C’est ça, oui, vous le voyiez sensiblement tou¬
jours au même endroit ?
— Oui.
— Sauf le mercredi ?
— Si, le mercredi aussi, je l'ai vu... Là je suis sorti,
et il y avait une boule qui montait le long du petit
chemin là-bas..., et elle s’est arrêtée sur la route,
au milieu de la route. Là je suis revenu à la
mâison, je suis monté à la chambre là-haut, et j’ai
vu la boule... Elle était toujours au milieu de la
route. Là j’ai eu l’idée de prendre la voiture pour...»
Avant de passer au récit des péripéties de cette
soirée notons qu’au cours de différentes conver¬
sations le fils nous a fait part d’un fait d’observa¬
tion. Dans cette campagne, la nuit, à cette époque,
les gens se couchent tôt et l’on apercevait çà et là
des lumières trouant l’obscurité qui, les unes après
les autres, s’éteignaient. Les boules, au dire du
témoin, ne commençaient à apparaître que lorsque
les lumières proches avaient disparu.
N^us montons dans la voiture de M. Chasseigne
pour parcourir le trajet du fils avec sa voiture qui
se développe sur 3 km de route environ.
« — Racontez-nous ce qui s’est passé exactement
ce soir-là ?
— Alors j’ai pris la voiture, et j’ai vu la boule, qui
sortait du petit chemin, elle était au milieu de la
route... et la boule elle s’est mise en marche. Elle
suivait la voiture à la même vitesse que moi.
— Elle suivait ou elle précédait ?
— Elle était devant.
— Elle vous précédait ?
— Elle me précédait oui.
— ...la voiture roule.
— Et alors c’est en face de ce piquet là-haut que
vous voyez que j'ai aperçu « l’obus ». Là, je m’étais
arrêté exactement à cet endroit. J’ai arrêté le
moteur... et je regardais «l’obus»... Je le voyais
là... tout à fait à ma gauche. Là... Il était... il
m'apparut très grand.
— Avant l’étang ?
— Non juste là ! Non à 10 mètres disons de là.
— De quoi ?
— A 10 mètres du... de ce piquet-là... A 10 mètres
à peu près un peu plus bas là-bas.
— Mais alors il était plus grand que l’arbre ?
— Oh ! il était... il était très grand... et la boule
que je suivais elle s’était arrêtée là-haut... presque
au bout de la route.
— Cet arbre là-bas à côté de l’étang vous le
voyez... et les trois autres là en face de l’étang
vous les voyez ?
— Les trois arbres oui... et j’ai aperçu la boule
là-bas... il y avait une boule... une boule blanche...
la même (semblable) que je suivais... elle était
au-dessus de l’étang là-bas. Et au bout de quel¬
ques instants là, elle est arrivée, et ça m’a fait
l’impression qu’elle rentrait dans l’obus.
— Où situez-vous l’obus par rapport aux trois
arbres et à l’autre isolé là ?
— Il était... heu... de là où je suis en face de
l’arbre seul, voyez.
— A côté de l’arbre seul ?
— En face.
(Ces hésitations dans les réponses proviennent du
fait que nous ne savions pas encore que « l’obus »
se situait très près, comme nous allons nous en
apercevoir, et que les questions posées avaient
trait à des repères lointains.)
17
(Doc. L.D.L.N.)
— Celui qui est en face entre la mare et ici ?
— Oui. Oui.
— Il était aussi haut que l’arbre ?
— Ah !... il était beaucoup plus haut... beaucoup
plus haut oui !
— Il ne touchait pas terre ?
— Et j’ai l’impression qu’il ne touchait pas terre...
et c’est au moment où... où j’ai déclenché la por¬
tière qu’il est devenu très lumineux... il s’est mis
à siffler et il a « foutu » le camp.
(Nous étions toujours en bordure de route, nous
plaçant dans la situation du témoin, pour nous
rendre compte de ce qu’il pouvait voir, puis nous
pénétrons dans le pré, et le témoin nous arrête
sur les lieux supposés du stationnement de l’obus)
— Entre le sol et « l’obus » il y avait 2 ou 3 mè¬
tres ?
— Oh non !... attendez... il y avait 2 mètres
disons...
— La hauteur d’un homme ?
— Oui.
— Mais alors, il était à 30 mètres de la voiture !
Si près que ça !
— Ah oui !
— Cela fait 25-35 mètres à tout casser !
18
— C’est là oui!... il est parti dans cette direction
là-bas vous voyez.
— Ah bon ! mais alors il dépassait toutes les
crêtes qui sont au fond là-bas ?
— Oh oui !... oh oui... oh là là.
(Nous procédons à diverses mesures d’évaluation
et par approximation nous en concluons :
Distance de la voiture : 35 mètres environ.
Largeur de l’engin : 2 à 2,50 mètres environ.
Hauteur au-dessus du sol : 2 mètres environ.)
— Mais si près que ça tout de même vous deviez
pouvoir évaluer sa hauteur ?
— Il m’a paru immense.
(Nous revenons en bordure de route. Un arbre est
situé en bordure à 35 mètres environ. Le témoin
évalue la hauteur de l’objet par rapport à cet
arbre, et par des mesures stadimétriques nous
concluons, d'après les souvenirs visuels du témoin
que «l’obus» devait avoir une hauteur de 13,60 m
environ ±. Mieux informés nous reprenons notre
interrogatoire.)
— Alors décrivez-nous cet « obus » que vous avez
vu à ce moment-là ? « L’obus » qui était à 35 mè¬
tres de vous. Avant d’ouvrir la portière, précise
M. Chasseigne.
— L’obus était très lumineux, pointu au bout ... et
il y avait un halo marron... ou un phare marron...
tout autour.
— Au sommet ?
— Au sommet, oui.
— Il y avait des boules autour ?
— Heu... y avait pas... y avait pas les bras non là
autour... et il y avait la boule qui était sur la mare
que j’ai vu arriver très vite et j’ai l’impression...
elle m'a fait l’impression qu’elle rentrait dans
« l’obus »... ça je peux pas le certifier.
(Le témoin oublie une autre boule qu’il a décrite
dans deux dépositions antérieures et qui, comme
celle-ci, a paru se « fondre » dans l’obus. Nous
oublions nous aussi de le lui rappeler, le temps
était abominable et il aurait été imprudent de
sortir nos papiers. Hors texte de cet interrogatoire
il nous dira que l’obus ne présentait qu’une face
lisse sans aucune ouverture visible.)
— Le halo marron que vous signalez, il y était au
début quand vous êtes arrivé ou s’est-il allumé
après ?
(Doc. L.D.L.N.)
— Ah ! non non ! il y était là. Quand je l’ai regardé
il y était le halo marron il était au bout, oui.
— La couleur de l’obus était blanche ?
— Blanche oui.
— Comme les boules ?
— Oui... mais beoucoup plus brillant... il était
beaucoup plus brillant.
— Et à la base est-ce que vous avez remarqué
quelque chose à la base ?
— Quand il est parti oui.
— Et avant rien ?
— Avant rien. Quand il est parti il m’a paru comme
une buée... une buée verdâtre ou bleue.
— Il partait... debout, verticalement ?
— Une légère buée... alors ça c’est juste au mo¬
ment du déclic de la portière... exactement... il est
devenu très lumineux et il s'est mis à siffler comme
une voiture quand elle fait grincer les pneus. C’est
un bruit pareil... et en même temps il est devenu
très très lumineux, et il est parti à une vitesse
incroyable.
— Et il est parti comment alors là ?
— Et il s'est incliné.
— Il s’est incliné ? Il est parti d’abord verticale¬
ment et il s’est incliné ?
— Non, non, il n’est pas parti verticalement non.
Il s'est incliné et il est parti comme ceci, en mon¬
tant comme cela.
— Selon une trajectoire rectiligne ?
— Oui.
— Vous avez pu le voir s’incliner ?
— Oui, oui. Il s'est penché avant. Je l'ai vu quand
il s’est penché.
— Il a basculé ?
— Oui, basculé ! Ça je l’ai remarqué il a fait un
tout sur lui-même (un pivotement sur la base). Il
a... il a basculé sur un côté. Je l’ai vu il est parti,
voyez, comme ceci... comme ceci.
— Il était immobile comme ça, au sol, incliné
à 45° ?
— Oui. Il était comme cela, il a fait comme ceci...
pas comme ceci.
— Autrement dit, il n’était pas axé sur sa trajec¬
toire.
(Le croquis joint fera la synthèse de ces explica¬
tions de départ.
Dans une de ses lettres M. Chasseigne analysant
une particularité de cette phase d’envol nous fai¬
sait remarquer l’intérêt de ce récit, car « il n’y a
aucune possibilité de référence par rapport à d’au¬
tres témoignages antérieurs ». Il ajoutait : « Chacun
sait à notre époque qu’une fusée s’envole vertica¬
lement et, à l’altitude prévue, bascule pour se
placer sur sa trajectoire ». De plus l'axe de la
fusée se confond avec sa trajectoire. Or le témoin
ne se référé pas à ces clichés mais semble bien
décrire ce qu’il a vu réellement.)
— Donc l’obus s’est incliné, il est parti, et puis
vous aviez toujours la boule qui vous attendait
devant.
— Eh oui ! la boule elle était...
— A combien de distance ?
— Oh ! elle était voyez... à peu près vous voyez
la borne là-haut... elle était à peu près là-haut en
face de la borne... à côté de la borne... vous voyez.
19
Et j'ai redémarré... parce que là, je ne me rappelle
plus si j’avais arrêté le moteur ou pas... enfin je suis
reparti... et la boule là... j'ai fait une dizaine de
mètres et la boule a avancé de nouveau.
(M. Chasseigne met sa voiture en route, note le
compteur, et nous arrivons à la borne, il annonce
150 mètres.)
La boule était donc au départ à 150 mètres environ
de la voiture du témoin.
Celui-ci continue :
— Je continuais à rouler, et sur ce morceau-là je
roulais à 70 km à l’heure... c’était la nuit.
— Cette boule mesurait 1,20 m de diamètre ?
— Oui, 1,20 m maximum.
— Elle n’avait pas changé de couleur ?
— Non, non.
(Nous roulons).
— Et à quel endroit vous avez fait la pointe de
100 km-heure ?
— Plus haut... Je vous montrerai... j'étais entre 100
et 105 au compteur... et elle gardait toujours la
même distance, la boule.
— Ça c’était le mercredi 11, alors?
— Le mercredi oui... Alors là c’est à partir de là
que j’ai piqué une pointe avec la voiture... et la
boule gardait toujours la même distance. Là je
roulais bien à 100... avec ma voiture.
— On avait accéléré. Vous n’avez pas dû y rouler
longtemps ?
— Oh non ! quelques secondes... et quand je ra¬
lentissais la boule ralentissait également.
— Et la boule était toujours devant, à la même
distance ?
— Toujours à la même distance.
— Toujours 150 m ?
— A 150 m.
(On arrive à la R.N... maintenant...)
— Alors là, c’est alors que je suis arrivé là que
le moteur s’est arrêté... et j'ai vu arriver la sou¬
coupe là-bas... qui arrivait là-bas.
— Alors vous vous êtes arrêté où ? sur le bas-
côté ?
— Oui je me suis arrêté là.
— On est à 25 m de l’intersection avec la R.N.
— Alors le moteur de la voiture, il s’était arrêté
là-haut, et je suis descendu jusqu’ici au point mort.
20
— Phares éteints ?
— Phares éteints, oui... alors tout s'est éteint d’un
coup, le moteur, les phares... j’ai tiré sur le dé¬
marreur, il n’y avait rien.
(Dans un récit antérieur il nous dira qu’il a voulu
allumer le plafonnier, pas de lumière non plus).
— Et la boule était toujours devant ?
— Et la boule elle s’est plantée là au milieu de
la R.N., vous voyez là-bas, à peu près au milieu...
(Tiré du récit précédent, la boule a ensuite sauté
le fossé et s’est arrêtée dans le champ, à droite
de sa voiture, et à environ 4 mètres, c’est alors
qu'il a été pris de panique car...).
... Et j’ai aperçu la soucoupe elle descendait, elle
descendait, elle descendait... elle s’est enfoncée là.
(Nous pensons qu'elle venait du N.O. pour se di¬
riger vers le S.E. Dans le récit précédent le témoin
écrit en effet qu’il avait ouvert le carreau de gau¬
che et qu’il aperçu un objet dont la forme lui
était inconnue et qu’il décrit comme un plat ovale.
Il serait passé à sa droite et parti vers le S.E. Si
le fond du récit est semblable, les détails eux
varient çà et là. Nous en reparlerons. Il en avait
alors des sueurs froides dans le dos et transpirait
à grosses gouttes).
— Elle était où cette soucoupe ?
— Disons à 20 mètres sur la droite... sur le pré...
elle est resté à 3 ou 4 mètres du sol... elle avait la
taille d’une 404... Peut-être un peu plus grande.
Et puis il y avait un phare... en arrière.
— Il y avait un phare en arrière ? Dans le sens
de la marche ?
— Oui.
— Autrement dit quand vous l’avez vu arriver le
phare était de l’autre côté ?
— De l'autre côté oui.
— De quelle couleur ?
— Rouge.
— Alors et sur le dessus face à vous...
— Alors sur le dessus il y avait deux dômes.
— Face à vous, ils étaient côte à côte dans le
sens de la marche ou bien à la queue leu leu ?...
en tandem ? ou bien ...
— Les deux dômes... heu... il y avait alors si vous
voulez... celui qui était devant: à droite, et il y
avait un autre dôme alors derrière : à gauche.
— En diagonale alors ?
— Oui, c’est ça oui.
— Ils marchaient en diagonale par rapport à l’ova¬
le de l'engin ?
— Oui.
— Par rapport aux dômes si vous voulez le phare
arrière était entre les deux ?
— Oui, si on veut oui.
— Et ces dômes vous les avez figurés pointus sur
vos dessins : ils étaient pointus, ou bien...
— Ils n’étaient pas pointus non.
— Arrondis ?
— Ils faisaient... heu... comme ceci là; ils mon¬
taient et redescendaient un peu.
(Le lecteur se reportera au dessin de J.-L. Bon-
cœur qui indique leur forme d’après les indications
du témoin).
— Et à l’intérieur vous avez vu quelque chose ?
— Alors à l’intérieur... ça m'a paru être éclairé en
vert à l'intérieur... i'intérieur des deux dômes., et
j’ai aperçu... mais enfin là je n'en suis pas sûr...
c'était très sombre, on aurait dit qu'il y avait une
sorte de brouillard, ou à l’intérieur ou à l’extérieur,
je ne sais pas... à l'intérieur ou à l'extérieur des
deux dômes. Et il m'a paru voir deux... enfin.
J'ai vu comme deux personnages quoi... des êtres
humains quoi... des cosmonautes. Ils avaient des
combinaisons comme des aviateurs. Alors blanc
sur vert.
— Deux silhouettes ?
— Oui... Deux silhouettes oui... mais je voyais...
c'était très flou.
— Ça ne remuait pas ?
— Non, non.
— Il y avait une forme de tête peut-être aussi ?
— Oui... ils avaient certainement un casque.
— Il y avait une forme de tête qui était visible ?
— Oui.
— On ne voyait pas les yeux, on ne voyait rien ?
— Non.
— Et vous avez vu leurs combinaison ?
— C’était flou... Ah oui ! oui oui. C’était blanc
sur le vert et l’intérieur c’était... il m’a paru éclairé
en vert l’intérieur.
— Et la soucoupe est restée immobile ?
— Elle balançait. Comme cici : de droite à gauche.
— En tangage ?
— Quand elle arrivait... qu’elle descendait... elle
descendait comme ceci là.
— Mouvement de roulis ?
— Oui, et en avant et en arrière aussi, comme
ceci...
— Mouvement de roulis et de tangage. Les deux ?
— Oui... et elle est restée là quelques... je sais
pas... quelques secondes peut-être.
— Vous aviez les portières fermées pendant ce
temps-là ?
— Oui, oui... j'avais dû ouvrir la vitre je crois... Ou
alors c’est après coup quand elle a été partie que
j’ai ouvert la vitre... et alors là j’ai senti une vague
de chaleur et je me suis senti presque... je ne pou¬
vais pas remuer ni un bras, ni un rien pendant que
ça m’a duré là, quelques secondes.
— Une paralysie ?
— Une sorte de paralysie... oh je ne sais pas si
c’était la frousse ou quoi, parce que là j’ai eu peur.
— Et cette chaleur là, c’était un rayonnement ?
— ... Il y a cette plaque là-bas que vous voyez,
je l’ai entendue... elle... je la voyais remuer cette
plaque là-bas.
— La plaque d’indication ?
— Oui.
— Elle vibrait ?
— Elle vibrait oui, c’est ça !
— Et celle-ci (il y en a deux une en face sur le
même côté, l’autre à gauche de l’autre côté de
la route. C’est celle à gauche qui vibrait).
— Je ne sais pas... je la voyais l’autre... il m'a
semblé la voir remuer la plaque là-bas.
— Avez-vous entendu du bruit ?
22
— Un sifflement au départ.
— Un sifflement du même ordre... de la même fré¬
quence que l’obus ?
— Moins aigu.
— Moins aigu ?
— Alors avant quand elle est partie, elle est mon¬
tée peut-être à 40 ou 50 mètres elle est redescen¬
due d’un seul coup ...
— Est-ce que c’était modulé comme sifflement...
c’était toujours la même fréquence. Ou bien ?
— Non ça a commencé lentement, et ça s’est
amplifié !
— Et quand elle est redescendue est-ce qu’il y
avait une amplitude dans le bruit ?
— ... Ça je peux pas le dire... mais enfin... avant
de partir je l’ai vue... elle est montée à 50 mètres
peut-être et alors elle est descendue d’un seul
coup, comme si elle tombait... et elle s’est arrêtée
là d’un seul coup à 2 ou 3 mètres du sol... et alors
elle est repartie vers l’est toujours à une allure
formidable.
— Et quand elle est partie est-ce que la colora¬
tion a changé ?
— Elle est devenue... c’est devenu très lumineux
tout autour... comme du feu.
— C’est devenu très lumineux au moment du dé¬
part et de quelle couleur ?
— Blanc... blanc jaune... blanc jaune... blanc tirant
sur le jaune.
— Dessous ?
— Tout le tour... toute la soucoupe...
— Un halo qui emprisonnait la soucoupe si vous
voulez ?
— Oui.
— Et les phares ? vous aviez laissé le contact ?
Ils se sont allumés tout seuls ?
— Oui, et le démarreur a marché et la voiture a
remarché normalement.
— Quand vous avez remis en route le démarreur
a bien fonctionné ?
— Oui, tout a bien marché.
— Vous avez dû avoir une frousse terrible ?
— Oui.
— Et votre montre après ?
(Ne répond pas ici mais a répondu à une précé¬
dente enquête qu’elle a fonctionné normalement.
Nous avons remarqué que souvent il est pris par
ses propres souvenirs, qu'il essaye de se rappeler,
de ne rien oublier et il revient sur un autre sujet
de peur qu’on n’y revienne pas peut-être).
— Et j’ai senti une vague de chaleur aussi... com¬
me s’il avait fait chaud (nous sommes en janvier,
le soir).
— Justement ce rayonnement comparé par exem¬
ple à une exposition au soleil en plein midi. Est-ce
du même ordre ou plus ?
— Oh ! c'est très intense une vague de chaleur
très intense.
— Vous sentiez que ça vous pénètre ? De l’inté¬
rieur ou bien c’était l’air ambiant qui vous parais¬
sait chaud ?
— ...La peau... La peau du visage là, il m’a sem¬
blé que j’avais le visage en feu.
— Ce n’était pas l’air c’était donc quelque chose
d’interne. Ce n’était pas l’air ? vous ne sentiez
pas de bouffée d’air ? C’était la peau ?
— La peau oui.
— C’est donc un rayonnement ? ...un rayonnement
calorifique ?... Peut-être électro-magnétique. C’était
interne, mais sur une surface externe. Comme l’ef¬
fet d’ondes à certaine fréquence.
— Là quand elle est remontée à 50 mètres, qu'elle
est redescendue j'ai cru qu’elle allait se... casser
la figure là... J'ai dit ça y est elle y va... et elle
s’est toujours arrêtée à 3 mètres du sol et elle
est repartie.
23
— Brutalement ? ou alors avec un petit amortis¬
sement ?
— Non, non ! elle s’est arrêtée brutalement, d’un
seul coup : toc !
— Il n’y a pas d’inertie à ces engins. C’est extra¬
ordinaire !
— Oui et alors moi j'ai cru qu’elle allait tomber
et j’ai dit cette fois elle y va.
— Et à partir de quel moment vos phares se sont
allumés ? Elle était partie, vous ne la voyiez plus ?
— Oh ! non, elle était très loin... elle était repar¬
tie, je l’ai vue partir vers là-bas à une allure... et
elle est montée.
— Alors elle est venue si l’on veut en direction
de ... (N.N.O.).
— Elle est partie voyez elle était comme ça voyez
elle s’est inclinée un peu comme ça, elle est par¬
tie comme ceci.„ comme si elle glissait en travers.
— En travers, les dômes en travers ?
— En travers oui... explication... etc...
Quand elle est montée à 50 mètres il n’y a pas eu
de point mort au bout de sa montée, elle est re¬
descendue sans arrêt.
Elle a redémarré en tournant... en tournant sur sa
gauche. Elle est partie vers l’est là à une allure
fantastique.
— Et dès qu’elle est partie, la bouffée de chaleur
a disparu ?
— Oui. Tout est rentré dans l’ordre alors à ce
moment-là.
— Dans quel état vous sentiez-vous à ce moment-
là ? soulagé ?
— Soulagé oui... et les phares se sont allumés de
nouveau... j'ai tiré sur le démarreur et elle est
partie du premier coup la voiture.
— Vous avez essayé de voir où elle était partie
ou bien vous vous êtes débiné ?
— Ah ! non je suis rentré moi.
— Cette plaque faisait un bruit métallique vous
disiez ?
— Ah ! elle vibrait... j’en suis sûr... elle vibrait
cette plaque... ».
Nous allons examiner ces plaques de près.
Nous sommes sur l’emplacement où le témoin était
arrêté, sur la droite de la route. Devant à une
24
vingtaine de mètres passe la route nationale qui
monte un peu de droite à gauche. La route où
nous sommes est signalée comme il se doit avec
des panneaux de tôle émaillée, à 1 m de haut en¬
viron (des rectangles avec un côté en flèche
tourné dans notre direction). Ces panneaux ne
sont pas particulièrement visibles de notre em¬
placement. Celui qui concerne notre côté est en
partie caché par un talus herbeux, celui qui vibrait
est placé au fond d’un fossé contre le talus d’un
pré. En l’examinant nous constatons qu’il est sup¬
porté par un seul piquet en fer galvanisé. Les deux
attaches qui sont des boulons munis de rondelles,
laissent un certain jeu à la plaque et à la main il
est possible de lui imprimer un léger mouvement
de va et vient. L’hypothèse d’une vibration est donc
parfaitement acceptable.
Celle qui est de notre côté, par contre, et plus
près du témoin moins visible aussi nous l’avons
vu (et son dos est noir), est fixée au sol par deux
piquets métalliques au lieu d’un seul et il n’a pas
été possible d'enregistrer de mouvement latéral.
L’étude d’une magnétisation, aléatoire en temps
normal, ne s'imposait pas ici après trois ans, mais
nous avons demandé au témoin resté dans la
voiture.
« — Ce sont les mêmes plaques qui étaient là à
cette époque ? Elles n’ont pas été changées de¬
puis ?
— Je ne crois pas non (il y passe très fréquem¬
ment). »
— Nous repartons. En cours de route nous es¬
sayons d’éclaircir la présence de « l’obus » en
deux endroits différents et arrivons à l’emplace¬
ment de « l'obus » de ce récit.
« — De votre fenêtre s’il y avait eu deux obus
vous auriez pu voir les deux ?
— Oh ! oui peut-être, mais je n’en ai vu qu’un.
— Quand vous êtes parti avec la voiture il n’était
pas placé à cet endroit l’obus ? ou si ?
— ...Heum...
— Quand vous êtes parti chasser la « boule » vous
aviez vu l’objet avant oui ?
— Oui, oui, oui.
— A cet emplacement ?
— Il était placé là.
— Donc il n’était pas au même emplacement que
les jours précédents ?
— Oh non !
— Mais le mercredi vous ne l’avez pas vu non
plus au début au même emplacement que d’ha¬
bitude ?
— Ah ! non. Je l’ai vu arriver même ce jour-là.
— Vous l’avez vu arriver ?
— Je l'ai vu arriver oui !
— Vous l’avez vu arriver et était-ii incliné aussi
de la même façon ?
— Incliné oui.
— Incliné par rapport à la verticale ?
— Oui. Je l'ai vu arriver oui... et très lentement.
— Et pour se poser, comment il a fait ?
— Je l'ai vu arriver, il arrivait du nord, du nord-
ouest peut-être et il zigzagait à droite et à gauche.
— Il zigzagait ?
— Il zigzagait comme... je sais pas moi... comme
une mouche.
— A ce point-là ?
— Non quand même... on aurait dit... je sais pas
mois... des fois il faisait des écarts à droite ou à
gauche.
(Nous ne saurons si l’obus s'est déplacé en bor¬
dure de route sans que le témoin aperçoive le
mouvement, ou s’il y en avait eu deux ce soir-là.
Par contre le souvenir de cette arrivée lui est re¬
venu, il a pu nous décrire sa trajectoire lente et
comme hésitante avant de se poser. La phase
précise de la pose n'a pas été décrite).
— Maintenant nous allons parler de ce qui s’est
passé après ces observations. Vous m’aviez dit
que sitôt après vous aviez eu une crise de som¬
meil ?
— Enfin quelques jours après.
— Quelques jours après ? L’observation a eu lieu
début janvier et vous avez eu la crise de sommeil
à quel moment ?
— Disons... je sais pas... une semaine après en¬
viron. Cela m’a pris le mardi suivant peut-être. Je
ne me rappelle plus exactement le jour.
— Que vous est-il arrivé ?
— Et puis cela ne m'est pas arrivé d'un seul coup
non plus, c’est venu progressivement ça aussi...
je crois.
(Dessin de F. Lagarde, doc. L.D.L.N.).
— Ah ! bon.
— Et c'est reparti progressivement également, à
la mi-mars c’est reparti... mais alors là... je vous
dis... j’aurais dormi au moins je sais pas... peut-
être vingt heures sur vingt-quatre. De toute façon
je dormais au moins dixhuit heures sur vingt-
quatre.
— Et vous n’avez pas consulté un docteur ?
— Oh ! mes parents me le disaient... je n'ai ja¬
mais voulu le faire.
— Ils ont dû s’inquiéter vos parents ?
— Ils s’en inquiétaient oui... à la fin ils s’en inquié¬
taient, oui... Mais ça il fallait que je dorme, il n'y
avait pas à tortiller... et quand ça me prenait il
fallait que... je ne pouvais plus tenir debout.
— Et lorsque vous étiez éveillé vous vous sentiez
comment ?
— Normal, oui.
— Normal ? pas affaibli ?
— Non, non, pas affaibli.
— Normalement quoi. La seule différence était
que vous dormiez davantage ?
— Normalement oui. Je dormais oui. Je dormais...
énormément oui... Ça ne m'était d’ailleurs jamais
arrivé ce coup-là.
— En somme cela vous a pris du 15 janvier au
15 mars, cela fait deux mois. Deux mois com¬
plets ? C’est énorme !
— Ce que je sais, c'est qu’il fallait que je dorme,
il fallait que je dorme.
— Est-ce que vous avez essayé un jour de ré¬
sister au sommeil ?
25
— Le dimanche oui... je résistais jusqu’à 7 ou 8
heures. Le soir pas plus... je me serais endormi
au volant. Ah ! oui ! oh ! là là... et en prenant du
café.
(Nous signalons que la ferme est assez éloignée
des grandes villes et que le fils avait l’habitude
le dimanche de sortir et de rentrer très tard dans
la nuit. Cette rentrée à 20 heures était absolument
contraire à ses habitudes).
— Il continue :
— Il y a autre chose qui... mais ça je ne sais pas
comment je peux expliquer ce truc-là... Il me sem¬
blait... je sais pas comment vous dire ça... je con¬
servais ma conscience mais je ne pouvais ni bou¬
ger un bras, ni un doigt, ni une jambe, ni rien...
pendant quelques secondes quand ça me prenait.
— Pendant le sommeil ?
— Surtout le matin à 4 heures ou 5 heures du
matin.
— Quand vous dormiez où que vous étiez éveillé ?
— Quand j’étais éveillé... Tout à coup je parlais
comme... je sais pas moi... je me laissais aller...
je parlais, mais au bout de quelques instants je
ne pouvais plus remuer, ça ne remuait pas... je
conservais la conscience, je conservais l’esprit.
— Ah bon !
— Ça m’est arrivé je crois deux ou trois fois ce
truc... je ne voyais absolument rien... si je con¬
servais la conscience l'esprit... et il me semblait,
je sais pas, il me semblait que je flottais à... je
ne sais pas moi... c’est difficile à dire...
— Vous voguiez ?
— Non, il me semblait que l’esprit était hors de
mon corps... je ne sais pas comment vous expli¬
quer ça... c’est difficile à expliquer... et j’essayais
enfin de commander mais je pouvais pas, j’étais
comme mort quoi. Pourtant j’avais la conscience.
— Vos membres n’obéissaient plus ?
— C’est ça oui... et la deuxième fois j’ai eu peur
quand j’ai eu ça... j’ai dit cette fois tu es paralysé !
— Vous avez essayé d’appeler ?
— Mais je pouvais pas, même pas parler, je pou¬
vais pas remuer rien. Je conservais l’esprit, la
conscience, c’est tout.
26
— Le corps ? ...
— Il me semblait que je flottais au-dessus de mon
corps. C’est difficile à expliquer ça.
— Vous n’aviez pas l’impression de vous voir...
étendu ?
— Ah non !
— Ça n’a pas été un dédoublement hein ?
— C'est difficile à expliquer ça... Je l’ai vécu...
mais pour l’expliquer c’est très difficile... Je ne
sais pas comment vous dire ».
Ce récit brut reproduit fidèlement le déroulement
de la troisième séquence de l’enquête. Le témoin
a fait trois le récit. Une première fois par lettre,
une deuxième fois à M. Dupin de la Guérivière
et enfin à nous-mêmes.
Si les faits essentiels et le fond du récit sont iden¬
tiques dans les trois versions nous n’étonnerons
personne en indiquant qu’il y a parfois des diffé¬
rences dans les détails. Elles n’ont aucune inci¬
dence pour la compréhension des faits ni sur leur
déroulement. Prenant en considération que les
faits dataient de trois ans, que le témoin n’avait
pris aucune note, qu’il avait assisté à de nom¬
breuses manifestations, que personnellement, dans
les mêmes conditions, nous aurions aussi fait des
oublis, nous n’en ferons pas l’inventaire. Elles por¬
tent essentiellement sur la chronologie, l’orienta¬
tion une fois, et surtout des oublis.
Nous avons toujours eu l’impression que le témoin
« revivait » ses observations, et que les événe¬
ments « remontaient » dans sa mémoire : souvent
le témoin repris par ses souvenirs n'entendait pas
nos questions. Nous n’avons jamais eu le senti¬
ment qu’il en «rajoutait» mais qu’au contraire il
en oubliait. L’arrivée de «l’obus», la vibration de
la plaque... et la crise de sommeil, fait important
confirmé par ses parents, ont fait leur apparition.
Il était honnête de le signaler. Cette enquête, me¬
née avec beaucoup de soins et en possession des
éléments antérieurs, est la plus complète et la plus
détaillée.
Il nous reste beaucoup de choses à approfondir,
des témoignages extérieurs à rechercher, nous
nous y employons avec nos amis.
(à suivre)
NOTA — En aucun cas ce texte ou une partie de ce texte
ne peut être publié sans autorisation spéciale de LDLN.
L’Œuvre étrange de Cyrano de Bergerac
Nous avons déjà évoqué Cyrano de Bergerac à
propos du problème des représentations de fu¬
sées à étages au 17me siècle (1) et nous avions
pu conclure dans ce cas précis que le mystère
apparent n’en était pas réellement un. L’œuvre
de Cyrano recèle cependant d’autres énigmes en¬
core, sur certaines desquelles l’attention des
ufologues a déjà été attirée par Aimé Michel (2)
et par Paul Misraki (3), c’est pourquoi nous nous
permettons d’y revenir aujourd’hui. Si l’on veut
comprendre le sens réel des passages litigieux,
il est indispensable de bien les situer dans leur
contexte. Aussi avons-nous lu entièrement l’« His¬
toire comique des Etats et Empires de la Lune et
du Soleil », ouvrage dont le titre varie d’ailleurs
d'une édition à l’autre, puisqu’on trouve aussi les
versions : « L’Autre Monde ou les Etats et Empi¬
res de la Lune et du Soleil » ou « Voyage dans
la Lune et aux Etats du Soleil » et d’autres encore.
Mais avant tout, qui est exactement Hector-Savi-
nien Cyrano de Bergerac ? Né à Paris (et non en
Gascogne !) en 1619, il entre à 18 ans dans l’ar¬
mée et s'y fait rapidement connaître par ses
nombreux duels. Il doit cependant renoncer bien¬
tôt à une carrière militaire par suite d’une grave
blessure reçue au siège d’Arras (1640). Il se jette
alors dans l’étude et fréquente les milieux litté¬
raires et scientifiques de la capitale. Il est notam¬
ment l’élève du philosophe et astronome Pierre
Gassendi. Il écrit beaucoup : poèmes, pièces de
théâtre, lettres, pamphlets, mais en 1655 une
poutre détachée d’un toit lui tombe sur la tête et
met prématurément fin à sa vie. Revenons-en
maintenant à son œuvre principale.
Dès les premières pages, l’attention de celui qui
s'intéresse au problème de la pluralité des mon¬
des habités est mise en éveil. Cyrano nous ex¬
plique en effet que l’idée de tenter un voyage
vers la Lune lui est venue alors qu’il discutait
joyeusement de la nature de cet astre avec quel¬
ques amis, au retour d’un dîner que l’on peut
supposer bien arrosé. Sous les éclats de rire de
ses compagnons, il proclama que « la Lune est un
monde comme celui-ci à qui le nôtre sert de lune
(...) Ainsi peut-être se moque-t-on maintenant,
dans la Lune, de quelque autre qui soutient que
ce globe-ci est un monde ». A défaut d’être exac¬
te, une telle opinion témoigne d’un sens de la
relativité des choses remarquable pour l'époque.
Rentrant chez lui, Cyrano trouva ouvert sur la
table de son cabinet de travail un livre qui ne
s’y trouvait pas auparavant : « C'était celui de
Cardan; et quoique je n’eusse pas dessein d’y lire,
je tombai de la vue, comme par force, justement
sur une histoire de ce philosophe qui dit qu’étu¬
diant un soir à la chandelle, il aperçut entrer, au
travers des portes fermées, deux grands vieillards,
lesquels, après beaucoup d’interrogations qu’il
leur fit, répondirent qu’ils étaient habitant de la
Lune, et en même temps disparurent ». Comment
ne pas songer, à la lecture de ce passage, aux
« Visiteurs du Moyen Age » évoqués par Jacques
Bergier (4) ? S’agit-il du même fait rapporté dif¬
féremment ? Selon Bergier en effet les visiteurs
étaient sept et ne paraissaient pas âgés de plus
de 40 ans. Quoi qu’il en soit, ces êtres qui tra¬
versent des portes fermées et disparaissent sou¬
dainement rappellent à l’ufologue le comportement
d’entités en relation avec des cas modernes
d’OVNI (5). Il serait donc intéressant de pouvoir
consulter l’œuvre de Cardan elle-même.
Cyrano conclut quant à lui que les vieillards qui
apparurent à Cardan avaient dû tirer le livre de
sa bibliothèque et l’ouvrir à la bonne page « pour
s’épargner la peine de lui faire la harangue qu’ils
firent à Cardan». Son désir de monter à la Lune
n’en fit que se renforcer et il tenta un premier
essai en s’attachant des fioles remplies de rosée,
laquelle était censée à l'époque être attirée par
le soleil. Mais comme son élévation le portait dès
lors vers l’astre du jour et non vers la lune (il
aurait pu s’en douter avant son départ...), il cassa
une partie des fioles afin de redescendre en dou¬
ceur vers la Terre, sa pesanteur surmontant lé¬
gèrement l'attraction du soleil. La planète ayant
tourné entretemps, il se retrouva, bien qu’étant
monté et descendu à la verticale, au Canada ...
Il s’y lie d’amitié avec le Vice-Roi et débat avec
lui de questions philosophiques en vogue à l’épo¬
que, comme de savoir si l’on pouvait admettre
que Copernic avait raison contre l’enseignement
traditionnel. Cyrano entreprend de démontrer au
Vice-Roi que c’est bien, contrairement aux appa-
1. Christiane Piens et Jacques Scornaux, Fusées gigognes
au XVIIe siècle: est-ce un mystère?, Inforespace n° 32.
2. Aimé Michel, Avec trois siècles d’avance, Cyrano décri¬
vait votre poste de radio, Science et Vie n c 526, juillet
1961, pp. 90-94.
3. Paul Misraki, Des Signes dans le Ciel, éd. Labergerie,
1968, pp. 224-226.
4. Jacques Bergier, Les Extraterrestres dans l’Histoire, éd.
J'ai Lu, 1970, chapitre 6, pp. 98-115.
5. Jacques Scornaux, Réflexions sur la nature des huma¬
noïdes, Lumières dans la Nuit n° 159, novembre 1976,
pp. 6-12.
27
rences, la Terre qui tourne autour du Soleil, et
il va même beaucoup plus loin dans son raison¬
nement. Jugez-en : « les hommes, tournant avec
la Terre autour du Ciel, ont cru que c’était le
Ciel lui-même qui tournait autour d’eux. Ajoutez
à cela l’orgueil insupportable des humains, qui
se persuadent que la nature n’a été faite que
pour eux, comme s'il était vraisemblable que le
Soleil, un grand corps quatre cent trente-quatre
fois plus vaste que la Terre, n’eût été allumé que
pour mûrir ses nèfles et pommer ses choux. Quant
à moi, bien loin de consentir à leur insolence, je
crois que les planètes sont des mondes autour
du Soleil, et que les étoiles fixes sont aussi des
soleils qui ont des planètes autour d’eux, c’est-
à-dire des mondes que nous ne voyons pas d'ici
à cause de leur petitesse, et parce que leur lu¬
mière empruntée ne saurait venir jusqu'à nous.
Car comment, en bonne foi, s’imaginer que ces
globes si spacieux ne soient que de grandes
campagnes désertes, et que le nôtre, à cause
que nous y campons, ait été bâti pour une dou¬
zaine de petits superbes ? >>. Ces propos sont
remarquablement en avance sur leur époque :
quand on songe qu’aujourd’hui encore l’égocen¬
trisme humain freine la reconnaissance unanime
de ce qui est pour nous pur bon sens, que devait-
il en être au temps de Cyrano ?
C’est au Canada que se place l’incident déjà
évoqué des fusées attachées à la machine volante
que Cyrano avait conçu, incident qui allait, sans
qu’il l’eût prémédité cette fois, amener notre héros
jusqu’à la Lune. Celle-ci, étant en son dernier
quartier, attirait en effet la moelle de bœuf dont
Il était enduit, de telle sorte qu’il poursuivit son
voyage quand la machine retomba vers la Terre.
Curieusement, à cette explication du plus haut
farfelu succède immédiatement dans le texte une
constatation qui témoigne d'un bel esprit scienti¬
fique — tout le livre est d'ailleurs empli de telles
surprenantes alternances : « Quand j’eus percé
beaucoup plus des trois quarts du chemin qui
sépare la Terre d’avec la Lune, je me vis tout
d’un coup choir les pieds en haut, sans avoir
culbuté en aucune façon; encore ne m'en fussé-je
pas aperçu, si je n’eusse senti ma tête chargée
du poids de mon corps ». Cyrano explique fort
judicieusement que l'attraction de la lune ne se
soit pas fait sentir plus tôt : « Cette masse étant
mointdre que la nôtre, il faut que la spère de
son activité ait aussi moins d’étendue, et que
28
par conséquent, j’ai senti plus tard la force de
son centre ».
Voilà donc Cyrano sur notre satellite. Il va y vivre
de multiples aventures, dont la plupart sortent bien
sûr de notre présent propos. Notons avant tout
que les habitants de la Lune, qui nous ressem¬
blent fortement, bien que plus grands, eurent bien
du mal à admettre que Cyrano était un homme...
parce qu’il marchait debout ! Les « Lunaires »
marchant sur les quatre membres, un être se
tenant debout ne pouvait être — cela va de soi —
qu'un animal : le corps de l’homme est une chose
trop précieuse pour le laisser porter par deux
membres seulement, au risque de tomber ! Ce
«monstre» devait donc être une sorte d'oiseau
sans plumes, apparenté aux perroquets puisqu’il
parlait, et notre héros se retrouva promptement
mis en cage ! C’est encore une excellente leçon
de relativité des choses que nous donne là Cyrano.
Heureusement, un habitant du Soleil résidant sur
la Lune mais ayant autrefois visité la Terre, où
il fut notamment connu sous le nom de Démon
de Socrate, reconnaît Cyrano pour ce qu’il est
et lui vient en aide. Ce serviable « Démon » lui
apprend que les « Solaires » vivent trois à quatre
mille ans et peuvent prendre diverses apparences
corporelles. Lui-même a, outre Socrate et d’autres
hauts personnages de l’Antiquité grecque et ro¬
maine, rencontré sur Terre notamment Cardan
(« Un jour, j’apparus à Cardan comme il étudiait;
je l’instruisis de quantité de choses et, en récom¬
pense, il me promit qu’il témoignerait, à la posté¬
rité, de qui il tenait les miracles qu’il s’attendait
d'écrire ») et aussi « une certaine cabale de jeunes
gens que le vulgaire a connus sous le nom de
Chevaliers de la Rose-Croix, à qui j’ai enseigné
quantité de souplesses et de secrets naturels, qui
sans doute les auront fait passer pour de grands
magiciens ».
Autrefois en effet, les Solaires venaient en aide
aux hommes, mais, dit encore le Démon, «le peu¬
ple de votre Terre devint si stupide et grossier
que mes compagnons et moi perdîmes tout le
plaisir que nous avions autrefois pris à l’instruire.
Il n’est pas que vous n’ayez entendu parler de
nous, car on nous appelait Oracles, Nymphes, Gé¬
nies, Fées, Dieux Foyers, Lémures, Larves, La-
miers, Farfadets, Naïades, Incubes, Ombres, Mâ¬
nes, Spectres et Fantômes ». Comment ne pas
songer, devant une telle énumération, à une thèse
chère à Jacques Vallée : l'identification aux mo¬
dernes « ufonautes » de certains personnages du
folklore, des légendes ou de la démonologie (6) ?
D’après la liste de Cyrano, les extraterrestres au¬
raient parfois été pris aussi pour des manifesta¬
tions de Terriens défunts. Cette idée a également
été suggérée de nos jours, par John Keel cette
fois (7).
Les quelques passages que nous venons de citer
ont une résonance résolument moderne : ne re¬
viennent-ils pas à dire que les Terriens ont reçu
autrefois des enseignements d’origine extrater¬
restre ? C’est là un thème développé, avec un
bonheur très inégal, par beaucoup d’ouvrages
contemporains. Ce qui nous paraît surtout impor¬
tant, c'est qu'il est bien précisé que les secrets
révélés sont naturels, même si l’incompréhension
des hommes risque de les faire passer pour
magiques. Le « Démon » revient d’ailleurs plus
loin sur ce point à propos des conclusions hâtives
que l’homme s’estime en droit de tirer des ensei¬
gnements de ses sens imparfaits, Cyrano l’ayant
questionné sur l’explication de divers mystères :
« Vous vous imaginez, vous autres, que ce que
vous ne sauriez comprendre est spirituel, ou qu'il
n’est point; mais cette conséquence est très faus¬
se, et c'est un témoignage qu’il y a dans l’univers
un million de choses peut-être qui, pour vous être
connues, demanderaient en vous un million d’or¬
ganes tous différents ». En d’autres termes, des
êtres plus évolués ayant accès à des réalités qui
nous dépassent pourraient néanmoins être tout à
fait naturels et matériels ... Bien que ces lucides
propos aient été écrits il y a plus de trois siècles,
nos contemporains ne semblent pas encore prêts
à les admettre unanimement.
Plus tard, ayant enfin été reconnu tel un homme,
Cyrano est emmené par son ami Solaire chez les
Lunaires où ce dernier loge. C'est l’occasion pour
lui d’entreprendre de longues discussions philo¬
sophiques, embrassant notamment des sujets que
nous appellerions aujourd’hui scientifiques, avec le
fils de leur hôte, très doué pour ce genre d’exer¬
cices. L’érudit Lunaire énonce notamment des
rudiments de théorie atomique, ce qui n’est pas
en soi étonnant pour l’époque, mais il va beaucoup
plus loin ; « Comment le hasard peut-il avoir ra¬
massé en un lieu toutes les choses nécessaires à
produire ce chêne ? Je vous réponds que ce n’est
pas merveille que la matière, ainsi disposée, ait
formé un chêne; mais que la merveille eût été
plus grande si, la matière ainsi disposée, le chêne
n’eût pas été produit; un peu moins de certaines
figures, c’eût été un orme, un peuplier, un saule;
un peu plus de certaines figures, c’eût été la plan¬
te sensitive, une huître à l’écaille, un ver, une
mouche, une grenouille, un moineau, un singe,
un homme. Ayant jeté trois dés sur une table,
direz-vous : «O le grand miracle ! A chaque dé,
il est arrivé le même point, tant d’autres points
pouvaient arriver !» (. ..) Je suis assuré qu’étant
homme d’esprit, vous ne ferez jamais ces excla¬
mations, car, puisqu'il n’y a sur les dés qu’une
certaine quantité de nombres, il est impossible
qu’il n’en arrive quelqu’un. Et après cela vous
vous étonnez comment cette matière, brouillée
pêle-mêle au gré du hasard, peut avoir constitué
un homme, vu qu’il y avait tant de choses néces¬
saires à la construction de son être. Vous ne savez
donc pas qu’un million de fois cette matière,
s’acheminant au dessein d'un homme, s’est arrêtée
à former tantôt une pierre, tantôt du plomb, tantôt
du corail, tantôt une fleur, tantôt une comète, et
tout cela à cause du plus ou du moins de certai¬
nes figures qu’il fallait, ou qu’il ne fallait pas, à
dessiner un homme ? Si bien que ce n’est pas
merveille qu'entre une infinité de matières qui
changent et se remuent incessamment, elles aient
rencontré à faire le peu d’animaux, de végétaux,
de minéraux que nous voyons; non plus que ce
n’est pas merveille qu’en cent coups de dés il
arrive une rafle: aussi bien est-il impossible que
de ce remuement il ne se fasse quelque chose,
et cette chose sera toujours admirée d’un étourdi
qui ne saura pas combien peu s’en est fallu
qu’elle n’ait pas été faite. »
C'est une véritble théorie matérialiste de la forma¬
tion des êtres vivants, l’homme y compris, qui nous
est proposée là, faisant appel au hasard et même
à la statistique, comme le montre la comparaison
avec le jeu de dés. On peut comprendre que
Cyrano ait jugé plus prudent de la mettre dans la
bouche d’un Lunaire ! Au cours d'une discussion
ultérieure, cet effronté jeune homme tient d’ail¬
leurs des propos encore plus coupables. Il va
jusqu’à mettre en doute le caractère spirituel et
immortel de l’âme humaine : « Si cette âme était
spirituelle, et par soi-même si raisonnable, qu’elle
fût aussi capable d’intelligence quand elle est sé-
6. Jacques Vallée, Chroniques des Apparitions Extrater¬
restres, éd. Denoël, 1972 et J'ai Lu, 1974.
7. John Keel, Operation Trojan Horse, éd. Abacus, 1973.
29
parée de notre masse que quand elle en est revê¬
tue, pourquoi les aveugles-nés, avec tous les beaux
avantages de cette âme intellectuelle, ne sauraient-
ils s’imaginer ce que c’est que de voir ? Est-ce à
cause qu’ils ne sont pas encore privés, par le tré¬
pas, de tous leurs sens ? Quoi ! Je ne pourrai donc
me servir de ma main droite, à cause que j’en ai
une gauche ? (...) Un peintre ne peut travailler
sans pinceau, et l'âme est tout de même, quand
elle n’a pas l’usage des sens. Cependant ils veu¬
lent que cette âme, qui ne peut agir qu’imparfai-
tement à cause de la vie, puisse alors travailler
avec perfection, quand après notre mort elle les
aura tous perdus. » Aux temps joyeux de l’Inquisi¬
tion, on a brûlé des gens pour moins que cela...
Ces coquins de Lunaires sont d’ailleurs subversifs
à bien d’autres égards encore. Ainsi le respect dû
aux personnes âgées est-il sur notre satellite une
notion inconnue. Pourquoi, se disent les Lunaires,
accorder honneurs et pouvoirs à des personnes
qui ne sont plus en pleine possession de leurs
moyens physiques ni intellectuels ? Aussi, sur la
Lune, les vieillards obéissent-ils aux jeunes, et
notamment les parents à leurs enfants ! Et cela,
300 ans avant notre époque de contestation juvé¬
nile...
Il faut maintenant évoquer l'incident qui, avec celui
des fusées, a fait couler le plus d’encre en ufo-
logie : le Solaire fait don à Cyrano de deux livres
provenant de son pays natal. Citons à nouveau le
texte littéral : « il fut à peine sorti que je me mis
à considérer attentivement mes livres et leurs
boîtes, c’est-à-dire leurs couvertures, qui me sem¬
blaient admirables pour leurs richesses; l’une était
taillée d’un seul diamant, sans comparaison plus
brillant que les nôtres; la seconde ne paraissait
qu'une monstrueuse perle fendue en deux. Mon
Démon avait traduit ces livres en langage de ce
monde; mais, parce que je n’en ai point de leur
imprimerie, je m’en vais vous expliquer la façon
de ces deux volumes. A l’ouverture de la boîte,
je trouvai, dans un je ne sais quoi de métal pres¬
que semblable à nos horloges, plein de je ne sais
quels petits ressorts et de machines impercepti¬
bles. C'est un livre à la vérité, mais c’est un livre
miraculeux, qui n’a ni feuillets ni caractères; enfin,
c’est un livre où, pour apprendre, les yeux sont
inutiles : on n'a besoin que des oreilles. Quand
donc quelqu’un souhaite lire, il bande, avec grande
quantité de toutes sortes de petits nerfs, cette
machine; puis il tourne l'aiguille sur le chapitre
30
qu’il désire écouter, et au même temps il en sort,
comme de la bouche d'un homme ou d’un instru¬
ment de musique, tous les sons distincts et diffé¬
rents qui servent, entre les grands Lunaires, à
l’expression du langage... »
Cette fois, nous nous trouvons inéluctablement
face à l’étrange, et le contexte ne permet aucune
échappatoire : les paragraphes qui précèdent et
qui suivent parlent de tout autre chose, Cyrano
enchaînant abruptement sur le récit... d'un enterre¬
ment sur la Lune ! Plusieurs éléments de la des¬
cription des « livres » sont troublants : la « couver¬
ture » qui est en fait une boîte, la nature métalli¬
que de l'ensemble, les «machines imperceptibles»,
mais il y a surtout un détail particulièrement extra¬
ordinaire : l’aiguille que l’on tourne pour choisir
un «chapitre». Ceci ne laisse plus aucune place
au doute : c’est bien un récepteur de radio qui
nous est présenté. Comme le fait judicieusement
remarquer Aimé Michel, on pourrait encore admet¬
tre qu’un esprit imaginatif ait conçu au 17me siècle
l'idée qu'un jour la voix et la musique pourraient
être conservées et reproduites artificiellement,
mais, ce que Cyrano nous livre, ce n’est pas le
principe de la radio, c'est bel et bien une descrip¬
tion d’un appareil en état de marche, comme s’il
l’avait eu sous les yeux. Il avoue d’ailleurs ne pas
en comprendre le fonctionnement (« je n’en ai
point de leur imprimerie ») et la seule grave discor¬
dance avec la réalité a justement trait à la source
d’énergie : celle-ci apparaît être non l’électrivité
mais un processus de détente mécanique (« je ne
sais quels petits ressorts... il bande, avec une
grande quantité de petits nerfs, cette machine »).
Sans doute Cyrano s'est-il là laissé entraîner par
sa comparaison avec une horloge
Toujours est-il que le problème est posé : person¬
ne, pas même un génie, ne pouvait prévoir il y a
300 ans l'apparence matérielle que présenterait
un poste de radio... Comme l’écrit encore Aimé
Michel, pour les lecteurs du 17me siècle et même
encore du début du 20me, ce passage ne pouvait
rien évoquer et devait apparaître comme une pure
fantaisie imaginative. Et puis, soudain, le texte
prend un sens précis. Cela pourrait-il être un
hasard ? Nous laisserons pour l’instant la question
en suspens. Notons encore que Cyrano ne donne
aucun détail sur le second livre, celui qui ressem¬
ble à « une monstrueuse perle fendue en deux » :
aurait-il pu s’agir là, comme le suggère Paul
Misraki, d’un écran de télévision ?
Peu après, Cyrano, qui commençait à éprouver le
mal du pays, émit le désir de revenir sur Terre,
plus, le Solaire qui se faisait appeler « Démon de
Socrate » lui vint en aide : il s’éleva « comme un
tourbillon », tenant notre héros entre ses bras, et
après un jour et demi de voyage, le déposa sur
notre planète. Cyrano raconte alors les més¬
aventures que lui vaut la publication du récit de
ses aventures lunaires : pris tantôt pour un fou,
tantôt pour un sorcier, il finit, après bien des
péripéties, par se retrouver en prison : un homme
qui prétend être allé dans la Lune n'a-t-il pas
nécessairement dû avoir recours aux services du
Diable pour accomplir un tel prodige ?
Aussitôt incarcéré, Cyrano imagine un moyen
d’évasion. Disposant, grâce à l’intervention d'amis
influents, d'une chambre avec terrasse et de tout
le matériel nécessaire, il se construit un engin
volant de sa conceptiton, dont le principe nous
entraîne à nouveau dans le domaine du farfelu :
une capsule de bois, trouée dans le bas, est
coiffée d’un cristal creux, taillé en icosaèdre et
troué vers le haut. La forme géométrique du
cristal produit une concentration des rayons du
soleil, laquelle échauffe l’air contenu à l'intérieur
et le chasse vers le haut : un vide se crée donc,
et la Nature en a horreur... c’est du moins ce que
l’on pensait encore au début du 17me siècle avant
les expériences classiques de Torricelli et de
Pascal démontrant la pesanteur de l’air (expérien¬
ces dont Cyrano devait d'ailleurs avoir eu connais¬
sance au moment où il écrivit son « Histoire comi¬
que »). Or donc, pour combler cet inadmissible
vide, l’air s’engouffre par l’orifice inférieur, pous¬
sant au passage l’engin vers le haut... et c’est ainsi
que Cyrano, voulant simplement s’échapper de
prison, fut entraîné jusqu’au Soleil...
Inutile de dire que la réalité physique est plutôt
malmenée par de tels propos, et particulièrement
le principe de l’égalité de l’action et de la réac¬
tion : si Cyrano avait eu raison, un avion à réaction
serait par exemple repoussé en arrière par l’air
qu'aspirent ses réacteurs, au lieu d’être propulsé
vers l’avant par les gaz de combustion éjectés par
les tuyères. L'auteur se sent tout de même obligé
d’expliquer pourquoi l'approche du soleil ne le
brûle pas: c'est que, écrit-il, «ce qui brûle n’est
pas le feu, mais la matière où il est attaché, et
le feu du Soleil ne peut être mêlé d’aucune matiè¬
re ». Et voilà, ce n’est pas plus difficile que cela...
Si on ajoute que Cyrano, durant son voyage inter¬
planétaire (long de 22 mois !), ne souffrit ni du
manque d’air, ni de froid, ni de faim (étant nourri
par les rayons du soleil !), on peut en conclure que
la conquête de l’espace semblait décidément bien
facile à une époque où la connaissance de l’uni¬
vers était encore embryonnaire...
Voilà donc Cyrano sur le Soleil. Il nous assure
que la pesanteur y est nulle, cet astre n’ayant pas
de centre (sic !), et que la surface se présente
comme des flocons de neige lumineux. Il y a toute¬
fois des zones plus sombres (veut-il parler des
taches solaires ?) et c'est là que Cyrano rencontre
un peuple d'hommes pas plus hauts que le pouce
mais doués du surprenant pouvoir de se méta¬
morphoser en tout objet, animé ou inanimé, dont
il leur plaît de prendre la forme : oiseau, arbre,
rivière, navire, plusieurs individus se fondant en
un seul pour obtenir des objets de grande taille.
Le roi de ce peuple tient à Cyrano des propos qui
ont de quoi retenir notre attention. Il déclare
notamment : «C’est nous qu’au monde de la Terre
vous appelez des Esprits, et votre présomptueuse
stupidité nous a donné ce nom à cause que,
n’imaginant point d’animaux plus parfaits que
l'homme, et voyant faire à de certaines créatures
des choses au-dessus du pouvoir humain, vous
avez cru ces animaux-là des Esprits. Vous vous
trompez toutefois; nous sommes des animaux
comme vous; car encore que, quand il nous plaît,
nous donnions à notre matière la figure et la
forme essentielle des choses auxquelles nous vou¬
lons nous métamorphoser, cela ne conclut pas
que nous soyons des Esprits. Mais écoute, et je te
découvrirai comment toutes ces métamorphoses,
qui te semblent autant de miracles, ne sont rien
que de purs effets naturels. » On retrouve cette
insistance, que ne désavoueraient pas les ufolo¬
gues, sur le caractère naturel des « prodiges »
accomplis par des êtres surpassant l’homme.
Cyrano rencontre ensuite un peuple d’oiseaux
intelligents, qui ont peine à croire qu’un être aussi
dissemblable d’eux et aussi affreux puisse être
doué de raison : « Eh quoi, il n’a ni bec, ni plumes,
ni griffes, et son âme serait spirituelle ! O Dieux !
Quelle impertinence ! » Sa seule qualité d’homme
suffit à faire condamner Cyrano à mort, pour les
crimes commis par son espèce contre la gent
ailée. Il est grâcié in extremis à l’intervention d’un
perroquet qu'il avait autrefois libéré de sa cage
(car les oiseaux de la Terre font fréquemment le
voyage jusqu'au Soleil !).
31
Les pas de Cyrano le portent alors vers une
forêt, où il a la surprise d’entendre les arbres
s’entretenir entre eux... en grec ! Ces arbres par¬
lants, venus de la Terre sous forme de graines
transportées par les oiseaux, lui racontent force
légendes de l’Antiquité, quand soudain un cri
d’alarme retentit dans la forêt : une <> bête à feu »,
ou Salamandre, a provoqué un début d’incendie.
Pour en venir à bout, les arbres font appel à l’aide
de l’« animal Glaçon », aussi appelé Remore.
Cyrano va assister au combat des deux monstres,
en compagnie d’un vieillard qui se présente à lui
comme le philosophe calabrais Campanella, dont
l’âme est venue habiter le Soleil après sa mort.
« Au commencement du combat, la Salamandre,
à cause de la vigoureuse contention de sa pre¬
mière ardeur, avait fait suer la Remore; mais à
la longue cette sueur, s’étant refroidie, émailla
toute la plaine d’un verglas si glissant que la
Salamandre ne pouvait joindre la Remore sans
tomber. Nous connûmes bien, le Philosophe et moi,
qu’à force de choir et de se relever tant de fois,
elle s’était fatiguée; car ces éclats de tonnerre
auparavant si effroyables, qu’enfantait le choc
dont elle heurtait son ennemie, n’étaient plus que
le bruit sourd de ces petits coups qui marquent
la fin d’une tempête, et ce bruit sourd, amorti peu
à peu, dégénéra en un frémissement semblable à
celui d’un fer rouge plongé dans de l’eau froide.
« Quand la Remore connut que le combat tirait
aux abois par l'affaiblissement du choc dont elle
se sentait à peine ébranlée, elle se dressa sur
un angle de son cube et se laissa tomber de toute
sa pesanteur sur l’estomac de la Salamandre avec
un tel succès que le cœur de la pauvre Salaman¬
dre, où tout le reste de son ardeur s’était concen¬
tré, en se crevant, fit un éclat si épouvantable,
que je ne sais rien dans la Nature pour le compa¬
rer. Ainsi mourut la Bête à feu sous la paresseuse
résistance de l’animal Glaçon.
<< Quelque temps après que la Remore se fut
retirée, nous nous approchâmes du champ de
bataille et le vieillard, s’étant enduit les mains de
la terre sur laquelle elle avait marché comme d’un
préservatif contre la brûlure, empoigna le cadavre
de la Salamandre. » Avec le corps de cet animal,
me dit-il, je n’ai que faire du feu dans ma cuisine;
car, pourvu qu’il soit pendu à ma crémaillère, il
fera bouillir et rôtir tout ce que j'aurai mis à l'âtre.
Quant aux yeux, je les garde soigneusement; s'ils
étaient nettoyés des ombres de la mort, vous les
32
prendriez pour deux petits soleils. Les Anciens de
notre Monde les savaient bien mettre en œuvre;
c'est ce qu’ils nommaient des lampes ardentes, et
on ne les appendait qu’aux sépultures pompeuses
des personnes illustres. Nos Modernes en ont ren¬
contré en fouillant quelques-uns de ces fameux
tombeaux; mais leur ignorante curiosité les a
crevés, en pensant trouver derrière les membranes
rompues ce feu qu’ils y voyaient reluire. »
Ce récit a été abondamment commenté par Aimé
Michel, qui nous semble parfois y voir des choses,
qui n’y sont pas : Cyrano nous apprend notam¬
ment, écrit-il, que c’est la lutte du chaud et du
froid qui engendre l’électricité; c’est non seule¬
ment interpréter très librement le fait que les chocs
entre les deux bêtes provoquaient des coups de
tonnerre, mais ce n’est même pas exact scientifi¬
quement. La victoire que l’« animal Glaçon» nous
apprendrait aussi que dans la lutte du chaud et
du froid, le froid finit toujours par avoir le dessus.
Aimé Michel voit là une symbolisation du fameux
deuxième principe de la thermodynamique, deux
siècles avant que Carnot ne le formule. Person¬
nellement, cette interprétation nous semble un peu
simpliste. De tous les principes de la physique,
celui de Carnot est peut-être celui auquel on a
voulu voir le plus d’implications philosophiques
abusives. Parler de «victoire du froid sur le chaud»
est une manière de l’énoncer qui le fait mal com¬
prendre. Une expression simplifiée plus exacte du
principe de Carnot consiste à dire que, si l'on
place au contact l’un de l’autre un corps chaud
et un corps froid, le corps chaud va se refroidir
et le corps froid se réchauffer, jusqu’à l’égalisation
de leurs températures. Il n’y a donc aucun «triom¬
phe » du froid. Comme l’animal Glaçon ne se
réchauffe nullement à mesure que se refroidit la
Bête à feu, nous ne pensons pas qu’on puisse
voir dans leur combat une véritable préfiguration
du deuxième principe de la thermodynamique. Il
est plutôt une expression de la vieille conception
animiste de la nature, qui fait du chaud et du
froid, tout comme de la lumière et des ténèbres,
deux entités antagonistes. Cette vision primitive du
monde est en fait vide de sens, puisque ni le
froid, ni l’obscurité n’ont d’existence propre; ils
ne sont pas les contraires de la chaleur et de la
lumière, ni ne luttent contre elles : ils en repré¬
sentent simplement l’absence.
Il est tout de même un passage du récit du combat
qui nous paraît receler un réel mystère : c’est celui
ayant trait aux « lampes ardentes », et plus parti¬
culièrement ce détail extraordinaire : l’extinction
des lampes si l’on crevait la membrane qui les
recouvre. Comment ne pas songer à nos lampes
électriques, qu’elles soient à incandescence ou au
néon ? Comme le fait remarquer Aimé Michel, nous
avons ici, de même que dans le cas de l’aiguille
du livre parlant, non pas la prescience d’un princi¬
pe de fonctionnement, ce qu’un esprit génial
pouvait concevoir, mais la description d'un détail
technique précis. Nous ne suivrons en revanche
pas Michel quand il attribue aux lampes évoquées
par Cyrano une origine extraterrestre. Quand le
philosophe Campanella parle des Anciens de notre
Monde, et de nos Modernes, il nous paraît incon¬
testable que c’est l’humanité qu’il désigne ainsi,
et non le monde solaire où il réside depuis peu
(il est mort dans son lit en 1639, et non brûlé
comme hérétique en 1600, ainsi que l'écrit Michel).
Peu après la bataille entre les deux grosses
bébêtes, le livre se termine abruptement, alors
que les philosophes réincarnés sur le Soleil s'ap¬
prêtent à accueillir un nouveau-venu de grande
renommée : Descartes soi-même. Cyrano mourut-il
avant d’avoir terminé le manuscrit ou celui-ci fut-il
mutilé ? L’ouvrage ne parut en effet que six ans
après la disparition de l'auteur, le manuscrit ayant
été volé ... Il n'est bien sûr pas interdit de rêver
et d’imaginer que quelqu’un a estimé bon de
pratiquer des coupures. Mais sans doute n’en
saurons-nous jamais plus à ce propos.
Il est temps maintenant de donner une apprécia¬
tion d’ensemble de l'ouvrage, à la fois d’une
manière générale et du point de vue plus particu¬
lier de l’ufologue. Comme les extraits que nous
avons cités ou résumés vous l’auront montré,
pensons-nous, à suffisance, l’ouvrage entier alter¬
ne, comme par un mouvement de pendule, l'exposé
de notions philosophiques ou scientifiques d’allure
très moderne et l’énoncé de principes vides de
sens ou même résolument farfelus, mais en accord
avec les idées du temps. Ce contraste est l’une
des caractéristiques les plus frappantes du livre
et l’on peut se demander dans quelle mesure il est
délibéré : Cyrano aurait-il inséré dans son texte
des propos « conformistes » par mesure de pru¬
dence ? Cette prudence est certes nécessaire, si
on considère l'audace de certaines propositions,
mais l’auteur n’en « remet »-il pas un peu trop ?
Nous aurions tendance à penser que la prudence
n’est pas la seule explication. Il est en effet inévi¬
table que Cyrano, si génial soit-il, demeure en
partie prisonnier des idées de son époque. Or la
science au 17me siècle nous paraît aujourd’hui fort
verbeuse dans ses explications : les raisonnements
sont analogiques plutôt que mathématiques et le
souci du quantitatif est rarement présent.
Pourquoi faudrait-il d’ailleurs chercher une « clé »
hypothétique derrière chaque propos quelque peu
bizarre que nous tient Cyrano ? C’est à un «voyage
philosophique» qu’il nous convie, présenté de plus
sous une forme humoristique. Les invraisemblan¬
ces, qu’elles soient matérielles ou théoriques, n’ont
dès lors guère d’importance. Le but principal de
l’auteur n’était pas d'écrire un ouvrage de vulgari¬
sation scientifique — genre littéraire qui demeurait
à inventer — mais de diffuser certaines idées qui
lui étaient chères, tant concernant la philosophie
que l’ordre social. Le recours à des extra-terrestres
— qu’ils soient Lunaires ou Solaires important
peu — est à cet égard très pratique, et peut-être
n'ont-ils même pas d’autre raison d'être : on
n’imagine pas, au 17me siècle, un écrivain présen¬
tant une mise en question de l'immortalité de
l’âme comme une opinion personnelle. L’attribution
du pouvoir aux jeunes sur la Lune et la conception
mécaniste et statistique de la formation des êtres
vivants sont des idées à peine moins subversives.
Et n’oublions tout de même pas que l’intention
de Cyrano était sans doute aussi, pour une bonne
part, de divertir tout simplement ses lecteurs.
Du point de vue plus particulier de l’ufologue, et
de tous ceux que préoccupe le problème de la
vie extraterrestre, le principal intérêt de l’ouvrage
réside dans le remarquable sens de la relativité de
nos connaissances et de nos mœurs dont témoigne
Cyrano — nous en avons donné maints exemples
— et bien sûr dans sa conviction de la pluralité
des mondes habités. Relevons aussi la claire indi¬
cation que de êtres venus d’ailleurs sont intervenus
dans l’histoire des hommes et que les pouvoirs
que ces êtres détiennent, même s’ils nous parais¬
sent «magiques» ou «surnaturels», sont en fait
tout à fait naturels. Cette dernière affirmation
rejoint par delà les siècles la conviction des
ufologues vis-à-vis des comportements parfois ap¬
paremment « impossibles » ou « miraculeux » des
OVNI (8).
8. Pierre Guérin, Sciences et Avenir n° 307, septembre 1972,
pp. 700-701; Jacques Scornaux et Christiane Piens, A la
recherche des OVNI, éd. Marabout, 1976, pp. 116-120.
33
Nous avons gardé pour la fin la discussion des
deux seuls éléments du livre qui recèlent selon
nous un réel mystère : la description du poste de
radio et celle de la lampe électrique. La provenan¬
ce extraterrestre du récepteur de radio est claire¬
ment indiquée par Cyrano, puisque c’est un cadeau
reçu d’un habitant du Soleil. Une origine terrestre
est en revanche accordée aux « lampes ardentes ».
Mais cela, c'est ce que l’auteur veut bien nous
dire. Ce que nous voudrions bien sûr savoir, c’est
comment il a réellement eu connaissance de ces
détails techniques. Nous ne voyons que quatre
hypothèses possibles, mais peut-être vous, lec¬
teurs, en trouverez-vous d’autres.
1. Les sociétés secrètes: il est fort probable que
Cyrano ait eu des contacts avec les Rose-Croix,
auxquels il fait d'ailleurs explicitement allusion
dans son œuvre. Mais cette hypothèse pose le
problème de l’acquisition par une société secrète
de ses connaissances supérieures. Comment un
groupe d’hommes très limité en nombre aurait-il
pu progresser beaucoup plus vite que le reste de
l'humanité ? Et comment se ferait-il qu’aucun de
leurs secrets n'ait jamais été percé, c'est-à-dire
qu’aucune trahison, par intérêt ou par idéal, ne se
soit jamais produite et que l’on n’ait rien décou¬
vert de leur appareillage technique ? Selon de
nombreux auteurs, des sociétés secrètes pourraient
être les dépositaires des vestiges de la science
d’une civilisation disparue. Mais cette hypothèse
est pour nous à rejeter, car l'absence de traces
d’exploitation antérieure des richesses minérales
et énergétiques de la Terre exclut l'existence pas¬
sée d’une autre civilisation technologique que la
nôtre (9). Une autre supposition qui a été souvent
faite est que les connaissances des sociétés secrè¬
tes seraient d’origine extraterrestre. Ceci nous
amène à l’hypothèse suivante.
2. De réels contacts extraterrestres : Cyrano lui-
même, ou des membres de la Rose-Croix, auraient
été ce que l’on appellerait aujourd’hui des « contac¬
tés ». Dans ce cas, il se pourrait que, parmi les
allégations qui nous paraissent tout à fait fantaisis¬
tes des contactés actuels, certaines — mais pas
toutes, très loin de là ! — prennent un jour futur
un sens précis comme l'ont pris les propos de
Cyrano... Dans son article de « Science et Vie »,
Aimé Michel penchait vers l’hypothèse extraterres¬
tre, mais nous serons plus réservé. Une constata-
9. Jacques Scornaux et Christiane Piens, A la recherche
des OVNI, pp. 190-195.
34
tion précise nous fait en effet considérer cette
hypothèse avec suspicion, et nous conduit à la
troisième possibilité : les objets décrits ont une
allure résolument terrestre et même, plus précisé¬
ment, un aspect typique de notre 20me siècle.
C’est là un indice qui nous paraît important dans
la recherche d’une solution.
3. Vision à travers le temps : il est tout de même
curieux que les deux passages les plus énigmati¬
ques de l'œuvre de Cyrano aient acquis une signi¬
fication technique presque à la même époque : la
fin du 19me siècle pour la lampe électrique et le
début du 20me pour le récepteur de radio. Pour¬
quoi une société secrète aurait-elle précisément
atteint ce niveau-là au 17me siècle, ou bien pour¬
quoi des extraterrestres auraient-ils montré aux
Terriens de cette époque des objets qui seraient
typiques de la Terre trois siècles plus tard ? Autre
objection : quel programme de radio, parlé ou
musical, une société secrète ou des extraterrestres
auraient-ils pu capter sur la Terre au 17me siècle?
C'est pourquoi nous nous risquons à poser la ques¬
tion : Cyrano de Bergerac aurait-il eu une vision
à travers le temps d’une scène de notre époque ?
Aurait-il, en termes de parapsychologie, été sujet
à un phénomène de précognition ? Il n'est évidem¬
ment pas possible d’avancer une réponse ferme,
d’autant moins que la concrétisation en notre
siècle des objets décrits par Cyrano pourrait s’in¬
terpréter autrement, dans le cadre de la quatrième
hypothèse.
4. Le hasard: peut-être les descriptions de Cyrano
nous font-elles songer, par certains de leurs mots,
à une lampe et à un poste de radio parce que
ces objets nous sont familiers et que nous sommes
fatalement tentés de visualiser le texte en fonction
de notre expérience quotidienne d'hommes du
20me siècle. En d’autres termes, les similitudes
relevées entre notre technologie contemporaine et
les créations de l’imagination fertile de Cyrano
pourraient n'être que coïncidences. En toute
rigueur logique, le hasard ne peut en effet jamais
être exclu quand il s'agit d’expliquer des événe¬
ments extrêmement rares. Nous doutons toutefois
que cette interprétation prosaïque satisfasse grand
monde...
De toute manière, il nous paraît évident que nous
avons affaire ici à des faits trop isolés pour per¬
mettre une conclusion assurée. Si de nombreux
auteurs antérieurs à notre époque avaient décrit
Nouvelles internationales
Espagne — Mini - vague OVNI
Les observations décrites ci-après ont été effec¬
tuées dans une zone constituée par la ville de
Huesca (capitale de la province du même nom,
dans le nord-est de l'Espagne) et sa région, soit
un cercle ayant en gros 20 km de rayon. Ces
observations s’étalent sur une période-pivot de
48 heures (du 1" au 2 avril 1976) à laquelle nous
ajouterons des observations enregistrées dans le
même laps de temps mais n’excédant pas une
semaine par rapport aux dates précitées.
Trois observations dans les environs
de la ville de Huesca
Premier voyage des témoins
Le 1er avril 1976, vers 22h30, trois amis (Antonio
Perello, électricien, José Alastruei, maçon et An¬
gel Llorente, électricien) venant de Almudebar, se
rendaient en voiture à Huesca par la nationale
N125. A 5 ou 6 km de la capitale, ils aperçurent
sur leur droite une étrange lumière paraissant
évoluer à une altitude régulière au-dessus des
champs bordant la route et à environ 1 km des
trois témoins. Cette masse ou ce corps lumineux
semblait escorter leur voiture : tantôt il s'appro¬
chait, tantôt il s’éloignait, prenant de l’avance sur
le véhicule ou restant à la traîne. Intrigués et
surpris par cette lumière insolite, ils décidèrent
de traverser Huesca en vue de tenter de suivre
l’évolution de l’OVNI. Après 11 km, à la sortie du
village d’Apies, ils arrêtèrent la voiture pour ob-
(suite de la page 34)
divers appareils produits par la technologie moder¬
ne, la situation serait évidemment toute différente.
Mais à notre connaissance, un cas aussi flagrant
que celui de Cyrano demeure unique.
Bien que nous n’allions pas jusqu’à dire, avec
Aimé Michel, que l’œuvre de Cyrano «est peut-être
enfin parvenue, au 20me siècle, à ses véritables
lecteurs », nous ne pouvons pour conclure que
vous inciter vivement à lire, si vous en avez l’occa¬
sion, cet ouvrage si original. Même s’il n’a été ni
un contacté, ni un voyant, Cyrano de Bergerac
fut incontestablement un esprit à la fois brillant et
pénétrant, très en avance à bien des égards sur
les idées de son temps. Au surplus, quel magnifi¬
que précurseur il constitue pour la science-fiction !
Jacques Scornaux
Figure 1.
server la masse lumineuse qu'ils étaient en train
de suivre afin d’en connaître un peu mieux la
nature. Tout au long du chemin, ils ne perdirent
pas l’objet de vue, si ce n’est à de rares instants
où l’OVNI disparaissait pour réapparaître aussitôt,
comme pour leur montrer le chemin à suivre. Les
témoins purent observer l’OVNI d'assez près (une
distance inférieure à 1 km), tantôt se déplaçant,
tantôt stationnaire. Quand l’objet était à l’arrêt,
à une altitude n’excédant pas 200 ou 300 m, ils
purent constater qu’il était animé d’un léger
mouvement d’oscillation ou de va-et-vient, parfois
horizontalement et parfois verticalement. L’objet
avait l'aspect d’une énorme pointe de flèche,
c’est-à-dire, avait un corps en forme de fuseau.
L’OVNI était uniformément lumineux, d'une cou¬
leur rougeâtre-orangée. Des points plus lumineux
garnissaient le bord de cette masse, comme si
des sources de lumière étaient réparties sur le
périmètre de l’OVNI, (voir croquis). Les témoins
s'accordent à souligner la taille «énorme» de
l'objet, les estimations variant entre 20 et 50 m
de longueur et 10 à 20 m de largeur en fonction
de la distance à laquelle se trouvait l’OVNI. L’ob¬
jet avait une position oblique, c.à.d. que la partie
étroite (l’avant ?) se trouvait plus haut par rapport
à la partie la plus large (la base ?). Le voyage
reprend et nos trois amis retraversèrent Huesca
et arrivèrent au lieu dit Estrecho 5°.
Second voyage des témoins
Deux autres personnes se joignirent à eux (José
Vivian, professeur et A. Cipres). Tous les cinq
partirent dans la même voiture. En arrivant dans
35
Figure 2.
la banlieue de Huesca, ils repérèrent facilement
l'OVNI toujours du côté du château. La «chasse»
reprit et ils empruntèrent la route menant à Sta
Eulalia la Mayor, localité déserte. Arrivant à un
point situé entre le village de Loporzano et le croi¬
sement avec la route de Bandalies, ils décidèrent
de stopper pour observer l’OVNI arrêté à environ
200 m de la voiture. Ils en voyaient en effet l’éclat
rougeâtre-orangé dans une plantation d’amandier
bordant la route. Ils purent, une nouvelle fois, se
rendre compte de la taille énorme de la masse
lumineuse. Deux des témoins tentèrent de s’ap¬
procher de l’objet. José Alastruei, plus décidé prit
la tête suivi, à une vingtaine de mètres, de Angel
Llorente envahi d’une peur-panique mais ne vou¬
lant pas laisser seul son compagnon. Ils parcou¬
rurent une quarantaine de mètres en direction
de l'OVNI, mais la peur fut la plus forte chez
Angel qui se mit à appeler son compagnon et lui
enjoignant de faire demi-tour. Ce dernier obtem¬
péra finalement. José affirme avoir vu une énorme
masse lumineuse, impressionnante dans un silence
total, et se balançant doucement. Il eut l’impres¬
sion de voir la partie supérieure de l’OVNI, com¬
me une espèce de corps pyramidal ou conique
vu du dessus et en oblique. L’OVNI avait toujours
la même teinte rougeâtre-orangée, pourvu des
points lumineux sur les bords. Les autres témoins
virent une énorme masse lumineuse, se rétrécis¬
sant légèrement au sommet (fig. 2). Ils virent
également les points plus brillants, sorte de foyers
lumineux répartis sur les bords de l’OVNI qui
semblait flotter à quelques 50 ou 100 m d’altitude,
la base était masquée par les arbres et les irré¬
gularités du terrain. Comme lors du premier
voyage ils ne purent distinguer un contour nette¬
ment délimité ayant pu correspondre à un corps
solide car la lumière était aveuglante. Ils furent
également impressionnés par la facilité manœu-
vrière de cette énorme masse lumineuse. «Elle
semblait s’éteindre à un endroit pour se rallumer
immédiatement à un autre » sans qu’ils aient pu
voir un quelconque déplacement de l’objet.
Troisième voyage
Ils repartirent chercher d’autres amis puis revin¬
rent sur les lieux avec une sixième personne.
Ils retrouvèrent l’OVNI à l’endroit où ils l’avaient
laissé précédemment. Toujours suivant l’OVNI, ils
arrivèrent à Sta Eulalia où ils décidèrent de faire
demi-tour sur les injonctions de Angel très im¬
pressionné de voir, à peu de distace de la voiture,
l’énorme objet ou appareil. Ce fut l'unique occa¬
sion où ils purent voir nettement à quoi ressemblait
l’objet (fig. 3) ; un corps allongé (30 ou 40 m),
d’aspect métallique, gris sombre. L'OVNI était en¬
touré d’un halo lumineux, d’où se détachaient
nettement plusieurs fortes lumières rougeâtres
situées à l’une des extrémités de l’objet et d’au¬
tres, similaires mais moins intenses situées sous
l’engin inconnu. Cette observation fut effectuée
par Angel et elle ne dura que quelques secondes.
Les deux autres occupants ne virent pas ces dé¬
tails (l’un absorbé par la conduite, l’autre à l’ar¬
rière) et les passagers de la seconde ne sont pas
aussi formels.
Observation dans les environs de
Angues (Province de Huesca)
La scène eut lieu le 1er avril 1976 vers 22 h 20. Le
témoin, le docteur Alberto Ballarin accompagné
de son épouse revenait de Huesca pour rentrer
à Monzon. A une centaine de mètres de la sta¬
tion-service, en direction de Monzon, une gran¬
de croix métallique se dresse au bord de la
36
Figure 3.
route et on l’aperçoit après avoir passé un dos
d'âne, la route formant alors une longue ligne
droite en pente douce sur environ 3 km. La route,
à cet endroit, a environ 12 m de large.
Après avoir franchi le dos d’âne en question, et
roulant à environ 50 km/h, M. Ballarin fit remar¬
quer à son épouse la présence au loin d’une
lumière jaunâtre se déplaçant sur la route et ve¬
nant dans leur direction. Le docteur ralentit à
mesure que le « véhicule » arborant la dite lumière
s’approchait d'eux. Ils purent alors se rendre
compte de l’aspect insolite de l’engin qui en fait
n’avait ni feux de route ni feux de position. Ils
remarquèrent également que l’objet, tout en s'ap¬
prochant, était animé de mouvements ondulatoires
comme s’il se dodelinait tout en étant suspendu
dans les airs. Au moment de croiser l’objet, ils
virent que la partie inférieure projetait de grandes
étincelles blanc-jaunes d’une taille oscillant entre
0,50 m et 1 m de long. Ces étincelles étaient sem¬
blables à celles produites par « la roue » d’un feu
d’artifices. L'engin avait une taille considérable :
« plus haut qu’un autobus et presque aussi long,
soit environ 3,5 m de haut sur 8 à 9 m de long ».
D'après les témoins, l'engin avait un aspect mé¬
tallique : «comme du fer, d’une teinte bleue très
foncée ». L’appareil n'avait aucune lumière, sauf
une luminosité jaunâtre diffuse sur la partie su¬
périeure (en forme de dôme). Les témoins eurent
l’impression que cette lumière sourdait au travers
d’un cristal ou d’une quelconque matière opaque.
L’objet semblait flotter sur la route, à 0,50 m du
sol. La structure extérieure de l’objet présentait
des protubérances de taille identique (« comme
les 2 poings d’un adulte réunis ») et situées à
50/60 cm les unes des autres. L’engin ne présen¬
tait pas de marques distinctives.
Au moment de la rencontre avec l’objet, les té¬
moins entendirent clairement une sorte de «Clic»
dont ils ignorent toujours l’origine. Le son perçu
ressemblait à celui produit par un petit morceau
de métal tombant sur le sol. C’est à partir de cet
instant qu’ils perdirent la notion de la réalité
pendant une dizaine de km. Ils se retrouvèrent
en effet à un endroit qu’ils connaissent bien cer¬
tes mais sans se souvenir comment ils ont par¬
couru la distance qui les en séparait. Durant les
trois jours qui suivirent l’incident, les témoins
vécurent une sorte de paix, de tranquillité et de
bien-être extraordinaire. Parfois leur sommeil était
comme « hanté » par la présence d’une tierce
personne à qui ils désiraient s’adresser.
Observation OVNI dans la nuit du 1 au
2 avril 1976 dans la région de
Sotomontano (Huesca)
Les témoins : M Santiago Marraco Solano, Avocat
M Aurelio Biarge, Ingénieur.
Il était environ 1 h du matin et nos deux témoins
revenaient de Sarinena et se dirigeaient vers
Huesca. Il existe à Novales un endroit de la route
qui domine toute la région du Stomontano. C’est
de là qu’ils virent «quelque chose» de très bi¬
zarre.
« Regarde, ce truc bizarre là-bas » s’exclama l’un
des témoins. Dans la direction mentionnée (N.NE)
et dans une zone correspondant à un triangle
formé par les villages de Sietamo-Angues-Jun-
zano, nos deux témoins aperçurent distinctement
une lumière très intense dont la couleur se rap¬
prochait de la teinture utilisée par les spéléolo¬
gues pour déterminer le sens des courants sou¬
terrains, soit une couleur orangée, brillante et
phosphorescente. L'objet, immobile, avait la forme
d’une poire.
Observation à Sietamo (Huesca),
le 8 avril 1976
Plusieurs personnes assises à la terrasse du café
du village de Sietamo aperçurent le 8 avril, vers
21 h 30 « une chose » énorme très lumineuse de
couleur rouge-orangée, comme suspendue dans
le ciel. L’observation dura plusieurs minutes. La
masse lumineuse semblait tourner sur elle-même.
Observation à Puibolea, le 5 avril 1976
Un cultivateur de Puibolea (environ 20 km au N.O.
de Huesca) aurait vu dans la soirée du 5 avril
1976 un OVNI situé à une altitude de 80 m envi-
37
ron, de forme circulaire et arborant sur la partie
inférieure la lettre « H ».
(Source : STENDEK Septembre 1976).
Traduit et rédigé par
Alain Stercq.
Donald H. Menzel n’est plus ...
C'est le 14 décembre 1976 que s’est éteint, à l'âge
de 75 ans, Donald H. Menzel, astronome réputé,
anti-soucoupiste convaincu et auteur de science-
fiction par surcroit.
Les travaux de l’astronome portèrent d’abord sur
le spectre de l’hydrogène pour lequel il précisa
d’importantes mesures indispensables en astro¬
physique. Menzel s’est particulièrement intéressé
à la physique du soleil et aux nébuleuses plané¬
taires. Il étudia la couronne et la chronosphère
solaires, et il organisa à de multiples reprises des
expéditions lors d’éclipses. Ses articles sur la
question se comptent par centaines et il fut un
des premiers à envisager des notions de physi¬
que hors équilibre thermodynamique pour les phé¬
nomènes des atmosphères d’étoiles. Il se préoc¬
cupa également de recherches planétaires et
imagina une théorie sur la courbe de croissance.
De 1954 à 1966, il fut le directeur de l’observa¬
toire de Harvard.
Mais pour nous, il fut surtout un anti-soucoupiste
de la première heure. En 1953, il publiait son cé¬
lèbre « Flying Saucers » où il entreprenait de « dé¬
molir» scientifiquement l'ensemble des observa¬
tions d’OVNI. En invoquant essentiellement des
arguments liés à la propagation de la lumière dans
l’atmosphère terrestre, il passa une bonne partie
des dernières années de sa vie à tenter de dé¬
montrer que ces OVNI n’étaient que mirages ou
autres illusions d’optique. Si les hypothèses avan¬
cées par Menzel sont souvent qualitativement ac¬
ceptables, elles sont par contre la plupart du temps
incompatibles avec les phénomènes observés dès
que l’aspect quantitatif est abordé.
En fait, la carrière de Donald H. Menzel fut parti¬
culièrement éblouissante et disparate. Il joua un
rôle international de premier ordre en présidant
la Commission de Nomenclature Lunaire et en par¬
venant à trouver une solution de bon sens aux
nombreux et épineux problèmes diplomatiques
soulevés par la découverte de nouvelles forma¬
tions lunaires lors des recherches spatiales par
satellites. Sous des pseudonymes divers, il publia
de très bons romans de science-fiction et ses qua¬
lités de poète étaient reconnues de tous. Et Men¬
zel fut même un peintre doué d’un certain talent :
son sujet de prédilection étant le « martien ». Il en
fit de plusieurs types, souvent très amusants, et
cela amena certains critiques à étudier très sérieu¬
sement le « martien menzelien ».
En 1976, la Société Astronomique de France lui
décernait la médaille Janssen, récompensant ainsi
un homme que nous avons souvent beaucoup cri¬
tiqué pour ses idées dans le domaine de l’ufolo-
gie, mais que nous admirions par ailleurs beaucoup
pour ses compétences en astronomie et son hu¬
manisme.
Réservez un samedi par mois à l’ufologie !
La Société Varoise d’Etude des Phénomènes Spatiaux (SVEPS) organise cette année plusieurs soirées
d'observation en collaboration avec différents groupements répartis en divers coins de France. Souhai¬
tant étendre son action au-delà des frontières, la SVEPS propose de surveiller le ciel belge aux mêmes
dates et d’établir des rapports qui seront collationnés avec ceux recueillis par nos amis français.
Les dates proposées sont les suivantes : le 11 juin, le 9 juillet, le 6 août, le 3 septembre et le 1er oc¬
tobre.
Choisissez un lieu suffisamment dégagé et veillez à ne pas être gêné par un éclairage public ou des
phares de voitures.
Vous établirez une fiche de surveillance sur laquelle vous noterez vos nom et adresse et le lieu précis
d’observation. Signalez également l’heure à laquelle a débuté votre surveillance et celle à laquelle elle
38
Chronique des OVNI
Les OVNI de la Belle Epoque (2)
Quelques mois plus tard (13 février 1905), le
« Daily Mail » publiait l’observation suivante : un
témoin avait vu dans le ciel une sorte de boule
de feu qui était restée un moment immobile avant
de disparaître; peu après, le même témoin vit
quelque chose près du sol, à moins de 150 m
de lui; il s’en approcha mais la «chose» disparut
bien vite. Le témoin en question était un reporter
que le journaliste avait envoyé sur place qui con¬
clut finalement à une mystification. Pour lui, il ne
sagissait que de feux follets. Cette explication
péremptoire allait revenir maintes fois par la suite
et l’U.S. Air Force en fit, on le sait, un usage
excessif. Ces événements se déroulèrent à Eguyn
(Pays de Galles) au moment où une certaine Mary
Jones avait toute une série de visions religieuses.
Cette année 1905 commençait bien en fait, car
dans nos archives, elle s'avère être la plus fertile
en incidents de type OVNI depuis le début de
notre siècle. Quelques semaines après l'affaire
des « feux follets » gallois, le 29 mars, vers 22 h 00,
de nombreuses personnes purent observer comme
une sorte de «projecteur» qui s’alluma dans le
ciel de Cardiff (Pays de Galles). Ce phénomène
est rapporté dans la revue « English Mechanic »
(vol. 81, p. 220) par un certain Arthur Mee, mais
une autre publication britannique, le « Cambrian
Natural Observer» (1905-32) précisait à l’époque
qu’on avait vu comme un objet pareil « à une barre
métallique chauffée, avec une auréole orange, et
suspendue verticalement». Le dernier bulletin cité
était l’organe de la Société Astronomique du Pays
de Galles, une région qui allait encore faire beau¬
coup parler d’elle dans les mois et les années
qui vont venir. Très exactement trois jours plus
tard, c’est-à-dire le 1er avril 1905, un objet étran¬
ge, ne ressemblant en rien à un poisson, apparut
dans le ciel de Cherbourg. Bien que le quotidien
normand « L'Astre » décrit le phénomène comme
une grosse étoile rougeâtre en mouvement, Ca¬
mille Flammarion, l’astronome bien connu, expli¬
qua cette observation par la planète Vénus dans
un des bulletins de la Société Astronomique de
France (vol. 19, p. 243). Mais qu'en était-il exac¬
tement ? Le « Journal des Débats » du 4 avril
signalait qu’en fait l’objet était apparu à plusieurs
reprises, entre 20 h 00 et 22 h 00, au-dessus de la
ville de Cherbourg. Dans une autre édition du
«Journal des Débats» (12 avril), on précise que
la dimension apparente était de 15 cm et que
l’objet était ovale. Dans « Le Figaro » du 13 avril,
le commandant de Kerillis du « Chasseloup-Lau-
but » estimait que la position du corps ne corres¬
pondait nullement à celle de Vénus. Le journal
«Le Temps» qui reprenait également l’observa¬
tion, signalait en outre qu’un objet semblable fut
observé à Tunis, dans la nuit du 9 au 10 avril,
pendant quelques minutes. Le « Figaro » du 15 avril
signalait aussi que la nuit du 11 avril, les gardiens
du phare « La Blanche » observèrent comme un
ballon éclairé dans le ciel, ils lui firent des si¬
gnaux et celui-ci disparut. Privé de nouvelles, les
gardiens de ce phare ne connaissaient bien évi¬
demment pas l’affaire de Cherbourg. Dans les
«Annales» du 23 avril 1905 (p. 271), un certain
Henri de Parville signait un bien beau morceau
d’anthologie de littérature prétendumment scien¬
tifique ; « Comment, pas un mot sur les lueurs de
Cherbourg ? Eh non ! pas un seul mot. D'ailleurs
s’est terminée. Donnez une description sommaire des conditions météorologiques et précisez la direc¬
tion du vent. Notez tous les phénomènes aériens que vous observerez (avions, satellites, météores et
OVNI of course !) en précisant l’heure, l’orientation de la trajectoire et l’élévation en degrés.
Matériel indispensable : une montre, une boussole, un bloc-notes.
Matériel souhaitable : un appareil photographique, des jumelles, un détecteur magnétique, un téles¬
cope.
Vous pouvez prendre des photos du ciel en pose pour autant que l'appareil soit fixé sur un pied très
stable. N’oubliez pas de noter l’heure ou vous aurez ouvert puis fermé l’obturateur à chaque prise
de vue.
Dès le lendemain, envoyez votre fiche de surveillance à la SOBEPS (nouvelle adresse : avenue Paul
Janson, 74 1070 Bruxelles) qui la transmettra ensuite à la SVEPS.
Si aux dates proposées vous vous trouvez en vacances à l’étranger, vous pouvez également participer
à ces soirées d’observation.
39
c'est bien fini aujourd’hui. On en parle plus guère;
on aurait dû commencer par là. Ce n'est pas le
phénomène aperçu, au fond, qui présente quelque
intérêt; c'est cette hallucination d’une foule con¬
sidérable qui, une semaine durant, a tout vu, sauf
la réalité. Quelle singulière mentalité ! Toutes les
hypothèses ont été émises, sauf la bonne : si¬
gnaux, ballons, cerfs-volants avec foyer d'acé¬
tylène, nouvel astre, comète, planète, astre rouge
ou vert, projections lumineuses, etc. Le phéno¬
mène n'a pas été spécial à Cherbourg, on l’a vu
ailleurs et on a même fait des observations du
côté de la Méditerrannée. M. le docteur Farel nous
écrit de Calvisson-les-Moulins (Gard) : «... la
lueur étrange de Cherbourg ne pourrait-elle pas
s'expliquer par la « brouillée lumineuse » que doit
produire sur un ciel estompé de vapeurs, la con¬
jonction Vénus-Jupiter-Lune à son premier quar¬
tier ? Je l’ai consigné sur notre livre d’or du Roc-
de-Gachone au 10 mars dernier. Le 12 avril encore
je voyais Vénus au-dessus du Roc plus haut que
tous les feux nocturnes qui émaillent l’immense
panorama ». J’ai d'ailleurs reçu beaucoup de do¬
cuments, mais à quoi bon s’en occuper. Cette illu¬
sion qui a étonné tant de personnes s’est déjà
présentée plusieurs fois dans le passé. Nous l’en¬
registrons dans l’espoir que lorsqu'elle se pro¬
duira encore, on saura à quoi s'en tenir sur ce
phénomène parfaitement simple et naturel ».
Alors, que faut-il en penser ? Ma conviction per¬
sonnelle est que la planète Vénus a commencé,
en avril 1905, une belle carrière « d'agent de con¬
fusion », et que d'autres astronomes ou scientifi¬
ques n’allaient pas manquer de l’utiliser à nou¬
veau quelques décennies plus tard pour expliquer
bon nombre d’observations d'OVNI.
En plein été de cette année 1905, à Horodnicul de
Sus, dans les environs de Radauti (Bucovina-Rou-
manie), le Dr I. P. de Craiova put observer les
évolutions d’un objet plat en forme de disque,
plus grand que la pleine lune, et qui était forte¬
ment éclairé par une source lumineuse fixée sur
lui. Cet objet se déplaça rapidement de l’est vers
l’ouest, en se balançant. Bien que très âgé, le
témoin se souvient qu'à l'époque il fut très marqué
par cette «vision» et qu'il se sentit inquiet et
même anxieux quelque temps après.
Dans « English Mechanic » (vol. 86, p. 100), le
Colonel Markwick, déjà cité plus haut, signale que
40
le « Cambrian Natural Observer» (1905, 30-35)
mentionne une observation étrange faite le 2 sep¬
tembre 1905, à Llangollen, Pays de Galles (une
fois de plus). On aurait vu à cette date un objet
très sombre se déplacer à une vitesse estimée à
30 km/heure, à une altitude d’environ 3000 mètres.
L’objet, d'une longueur de 3 m, semblait avoir
de courtes ailes et se déplaçait en s’inclinant
légèrement. On pouvait aussi y distinguer comme
«quatre pieds». Cinq jours plus tard, une sub¬
stance rougeâtre tomba du ciel à Llanellez, non
loin du lieu de l’observation précédente.
En décembre 1905, dans le Massachussetts (Bo¬
ston, Worcester et d'autres villes), on observait
un objet volant muni d’un phare, de forme allon¬
gée, qui se déplaçait à des vitesses variables.
Ultime vestige de la vague de 1896-97 ou préfi¬
guration de ce qui allait se produire en 1909-10.
Mais n’anticipons pas.
Il m’est cependant impossible de passer sous si¬
lence le témoignage de M. J. A. Jackson, de Sil-
shee (Californie). Le 2 août 1905, très tôt dans la
matinée (vers 01 h 30), il apercevait à son tour —
témoin unique après huit années de calme — un
« vaisseau aérien ». Le « Brawley News » du 4
août 1905 ajoutait : « M. Jackson, un citoyen bien
connu de Silshee, aperçut une lumière brillante
dans le ciel juste au-dessus de lui. La lueur, en
se rapprochant, se révéla être un navire aérien
d’environ 20 m de long, avec un projecteur à
l’avant et plusieurs autres lumières à bord. La
machine mystérieuse semblait être seulement mue
par des ailes qui battaient comme celles d’un
gigantesque oiseau. Apparemment il n’y avait pas
de ballon comme c'est habituellement le cas
pour les dirigeables.
M. Jackson, se trouvant près de la maison de
W. F. Wilsie, alla le réveiller et ce dernier put
encore voir les lueurs juste avant qu'elles ne dis¬
paraissent. (...) La même nuit, H. E. Abbott, di¬
recteur du bureau de poste d’Imperial, fut bruta¬
lement sorti de son sommeil par l’apparition d’une
brillante lumière. On aurait dit un feu dans le ciel.
Il était alors 01 h 30 et on peut penser que cette
lueur aveuglante était sans doute le faisceau du
projecteur du navire aérien ».
Tout cela est bien curieux.
Michel Bougard.
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écrite sous la direction de notre rédacteur en chef et qui tente de faire le point de la recherche ufo-
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